Le recours à la vape pourrait augmenter les chances de succès du sevrage tabagique

Tabac

Objectif

Maria Melchior dirige l’équipe de recherche en épidémiologie sociale (ERES) à l’université de la Sorbonne à Paris. Elle participera le 5 décembre 2022 au colloque scientifique international sur la E-Cigarette : impacts et trajectoires des usagers, organisé par l’Institut national du cancer (InCA).

L’objectif de cette étude est d’étudier l’efficacité de la cigarette électronique (vape) et des substituts nicotiniques dans le sevrage tabagique auprès d’un échantillon représentatif de la population française. Fekom et collaborateurs précisent une chose très importante : « notre but est de contribuer à la discussion en cours sur les moyens efficaces d’initier et de maintenir le sevrage tabagique dans un cadre réel plutôt qu’expérimental. »

Méthode

Les auteurs ont utilisé les données du Baromètre Santé 2017 (1), une étude transversale de Santé Publique France. Ils ont étudié les relations entre le recours à la vape et/ou aux traitements de substitution nicotinique et le statut tabagique à 6, 12 et 24 mois après l’arrêt du tabac (oui ou non).

25 319 personnes âgées de 18 à 75 ans avaient participé au Baromètre Santé et cette étude a inclus 4 022 personnes qui avaient essayé d’arrêter de fumer au cours des 4 ans précédant la passation du questionnaire (par téléphone). Et pour comparer les fumeurs et les ex-fumeurs, seuls ceux qui avaient arrêté au moins 6 mois ont été inclus, finalement, ce qui représente 2 783 participants.

Les covariables étaient les suivantes : le genre, l’âge, le nombre de personnes constituant le ménage, la situation professionnelle, le niveau d’éducation, le statut marital, le nombre d’enfants ; le nombre de tentatives d’arrêt du tabac, et l’âge d’initiation à un tabagisme régulier.

Tous les résultats ont été pondérés pour être représentatifs de la population française et contrôlés à l’aide de scores de propension. L’appariement par score de propension est une technique d’appariement statistique qui tente d’estimer l’effet d’un traitement en tenant compte des covariables qui prédisent de recevoir le traitement. On l’utilise quand le tirage au sort des traitements n’est pas possible.

 

Résultats

Les ex-fumeurs se répartissaient comme suit : 2 783 ont arrêté 6 mois, 1 947 12 mois et 1 079 24 mois.

A 6 mois :

  • le recours à la vape (vs aucun apport de nicotine) augmente de 38% les chances de succès du sevrage tabagique, alors que
  • le recours aux TSN (vs aucun apport de nicotine) ne montre pas d’efficacité significative.

 

A 12 mois :

  • le recours à la vape (vs aucun apport de nicotine) augmente de 61% les chances de succès du sevrage tabagique, alors que
  • le recours aux TSN (vs aucun apport de nicotine) diminue de 38% les chances de succès du sevrage tabagique.
  • Le recours à la vape associée aux TSN double (x2,15) les chances de succès du sevrage tabagique.

 

A 24 mois :

  • le recours à la vape (vs aucun apport de nicotine) augmente de 61% les chances de succès du sevrage tabagique, alors que
  • le recours aux TSN (vs aucun apport de nicotine) diminue de 43% les chances de succès du sevrage tabagique.

Les auteurs précisent également que les TNS ne semblent pas être utiles pour maintenir une abstinence à long terme (à 24 mois, dans cette étude).

Un sevrage tabagique réussi nécessite probablement un examen médical un suivi et un soutien fort, qui devraient être offerts à tous les fumeurs tenter d’arrêter de fumer (2).

 

Références bibliographiques

1 Pasquereau, A., Andler, R., Guignard, R., Soullier et al. (2021). Consommation de tabac parmi les adultes en 2020: résultats du Baromètre de Santé publique France. Bull Epidémiol Hebd, 8, 132-9.

2 Hartmann-Boyce J, Ordóñez-Mena JM, Livingstone-Banks J, Fanshawe TR, et al. Behavioural programmes for cigarette smoking cessation: investigating interactions between behavioural, motivational and delivery components in a systematic review and component network meta-analysis. Addiction. 2022 Aug;117(8):2145-2156.

 

Dr Philippe Arvers (1,2,3)

1 – Observatoire Territorial des Conduites à Risques de l’Adolescent (MSH-UGA)

2 – 7ème Centre Médical des Armées (76ème Antenne médicale de Varces)

3 – Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (Lyon)

 

EN SAVOIR PLUS