Ce film d’un réalisateur français, sorti en salle le 02 janvier, est inspiré d’une histoire vraie, celle de Richard Jr. Wershe, jeune adolescent qui se retrouve coincé à 14 ans à devoir faire l’indic pour le FBI et la DEA.
Nous sommes en 1984, et Détroit, la ville où Rick vit avec sa famille, à savoir son père, sa grande sœur accro au crack, et ses grands-parents, la mère ayant quitté le domicile, semble à l’abandon après avoir pris de plein fouet la crise automobile. Le chômage est grandissant et le trafic de crack prospère sur une pauvreté qui n’est pas que de façade. Richard Sr., le père de l’adolescent, fait vivre chichement sa famille en vendant des armes trafiquées aux gangs de dealers du coin. Rick sert d’intermédiaire et finit par se faire adopter par les frères Curry, Leo et Johnny, chefs de gang, et leur entourage proche. L’adolescent est surnommé “White Boy Rick“ (titre du film en anglais) à cause de son jeune âge et de sa couleur de peau qui tranche avec les autres membres du milieu. Il traine avec ce qui constitue assez vite pour lui une deuxième famille, moins terne que l’originale. Il est invité dans des clubs bling-bling et s’achète des chaines en plaqué or…
Malheureusement pour lui, le FBI et la DEA rôdent et profitent de la place qu’occupe l’ado dans ce cercle pour lui demander, si ce n’est exiger, qu’il fasse pour eux l’indic. Il le menace de poursuivre son père pour fabrication et vente d’armes illégales, armes impliquées dans un meurtre récemment commis. Rick est piégé. On lui confie une quantité importante de cocaïne qu’il doit transformer en crack et vendre autour de lui. L’objectif du FBI et de la DEA : mettre la main sur le duo des frères Curry.
Rick s’exécute et finit par prendre goût aux dollars qui s’accumulent dans sa boite à chaussure et au mode de vie qui accompagne les dealers de renom et leur entourage. Bien entendu, l’histoire ne va pas tourner au mieux pour Rick et sa famille, même si celle-ci finit par s’enrichir un peu et retombe financièrement sur ses pates après un certain nombre de péripéties que nous vous laissons découvrir en allant voir le film…
A 17 ans, l’adolescent se retrouve en prison et est condamné à la perpétuité en vertu d’une loi dite “des 650 kilos“ qui condamne à vie quiconque est en possession de plus de 650 kilos de stupéfiants. Rick se fait attrapé avec huit kilos de cocaïne, et malgré sa minorité au moment des faits, et les accords passés avec le FBI pour ses missions d’infiltration, il passera trente ans derrière les barreaux.
On a vite fait ici de compatir aux mésaventures de cet adolescent piégé par le FBI, adolescent qui, en voulant sortir sa famille des difficultés financières, s’est brûlé les ailes. Entre nécessité économique et ambition de grandeur au mépris des lois en vigueur, la bascule, dans certaines circonstances et certains milieux, peut vite s’opérer… L’indignation est exacerbée quand on comprend que dans cette affaire chacun essaie de servir ses propres intérêts avec bien entendu peu d’égards pour les conséquences sociales, économiques, et sanitaires des uns et des autres.
Richard Jr. Wershe est sorti de prison en 2017, avec le soulagement de pouvoir enfin profiter de sa fille conçue avec une camarade de lycée quand il était encore adolescent. Malheureusement pour lui, une affaire de vol de voiture le ramènera très vite derrière les barreaux pour trois ans de plus. Quand le sort s’acharne…