Entretien avec Catherine Simon, psychiatre et vice-présidente de l'ANPAA

Toutes les addictions

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Le confinement, bien qu’imposé à l’ensemble de la population, n’a pas les mêmes conséquences pour tous. Il nous confronte individuellement à des émotions qui ont fait surface brutalement dans un contexte de crise épidémique intense et inédit et qui, du jour au lendemain, a radicalement changé nos habitudes et nos perspectives, nous empêchant désormais de nous projeter sur le long terme. Le point avec le Dr. Catherine Simon, psychiatre et vice-présidente de l’ANPAA.  

  

 

Quelles sont les conséquences psychologiques du confinement ?  

Face aux restrictions inédites imposées par la gestion de la crise sanitaire, nous ne sommes pas tous égaux. Les conséquences du confinement sont multiples et varient selon notre situation émotionnelle, familiale, sanitaire et sociale. Le contexte peut provoquer ennui ou anxiété, sentiments auxquels il faut s’adapter à condition d’avoir des ressources pour affronter une telle situation. Chez certaines personnes, l’annonce des mesures a pu générer de la paralysie, les empêchant de s’adapter à cette situation nouvelle. 

Quelles évolutions constatez-vous ?  

Pour répondre au besoin de sociabilité, le recours aux nouvelles technologies pour maintenir le lien donne lieu à de nouvelles manières d’expérimenter sa vie sociale. On se réunit autour d’apéros skype par exemple. Il faut cependant rester vigilants au regard de ces pratiques car, sous couvert de sociabilité, le produit le plus utilisé en tant qu’anxiolytique est l’alcool. On voit bien dans ce contexte que la consommation du produit a une fonction moins sociale que déstressante.  

Quel peut être son impact sur les personnes présentant des conduites addictives ?   

Parmi les consommateurs, certaines personnes particulièrement vulnérables et démunies vivent dans des conditions sociales et sanitaires très dégradées. Les risques et les angoisses sont alors démultipliés : impossibilité de se confiner, difficultés d’approvisionnement en substances illicites, risque de contamination liée aux modes de consommation, sevrage forcé, etc. Le confinement peut alors être la cause d’une consommation aiguë. 

 

Et pour celles qui avaient entamé un suivi en addictologie ?    

Pour certaines personnes qui avaient pu tester des outils d’aide à l’arrêt de leur consommation, les mesures de confinement sont l’occasion d’évaluer leur efficacité. Mais d’autres usagers risquent de rechuter ou d’augmenter les consommations. Organiser sa journée et trouver un rythme dans une période particulièrement stressante peut s’avérer très compliqué pour les personnes faisant face à des conduites addictives et dont la journée s’organise autour du produit et de l’approvisionnement.  

  

Pour terminer, avez-vous un conseil à donner pour échapper au stress et éviter de subir le confinement ?  

  Le confinement peut être l‘opportunité d’observer notre inactivité dans un monde souvent sans limites, où tout va très vite. On peut y trouver une occasion d’apprendre à se poser et constater les effets que cela provoque en nous. Faire preuve de curiosité peut nous aider à traverser cette période particulièrement difficile.  

La méditation de pleine conscience peut par exemple être une réponse car cette pratique nous invite justement à observer l’instant présent. Le psychiatre Christophe André est l’un des premiers médecins à avoir proposé cette approche à ses patients, et, à titre personnel, je la trouve intéressante1

l Séance de méditation de Christophe André : https://www.franceinter.fr/bien-etre/la-seance-de-meditation-de-christophe-andre-en-temps-de-confinement

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