On avait laissé, à la fin de la première saison, cette famille de bouchers casher, les Hazans, reconvertie dans la production de cannabis-haut-dosage, entre les mains d’une narcotrafiquante hollandaise pas commode, les obligeant à continuer de produire pour elle en quantité, et ce au moment où la famille aurait justement eu envie d’abandonner la partie, le cannabis n’étant finalement pas légalisé contrairement aux prévisions familiales… Pour ceux qui n’auraient pas suivi leurs aventures et mésaventures des six premiers épisodes, rappelons qui sont les membres de cette famille Hazan. Gérard, le père, est veuf depuis plus d’un an. Aure, la fille, est amoureuse d’une gendarme, et ça aura son importance. Joseph, le fils, est à l’initiative de toute cette affaire. Et surtout Ludmila, la belle-mère de Gérard, a la main si verte qu’elle produit une herbe de cannabis dosée à presque vingt pour cent de THC… Quelques pièces rapportées, complètent le tableau des personnes impliquées dans ce family business illégal d’envergure…
Quand la deuxième saison démarre, la famille Hazan s’est considérablement enrichie en produisant pour leur grossiste de quoi faire vivre confortablement producteurs et distributeurs. Le problème est que Jaurès, la commanditaire, n’est plus satisfaite de la qualité de la beuh, insuffisamment dosée désormais, du moins en dessous des 19,33% en THC sur lesquels est basé l’accord entre les deux parties. Il va falloir que la famille se ressaisisse. Jaurès menace même l’un des bébés de Joseph, père de triplés, mais séparé de la mère de ses enfants qui, elle, ne veut plus entendre parler de ce cannabusiness, bien trop dangereux à son goût… Alors, pour revoir ses enfants, reconquérir sa femme, et bien que sa famille décide de s’agrandir pour offrir une meilleure qualité de weed, Joseph fait croire à la narcotrafiquante qu’ils vont lui céder la recette de la Pastraweed (nom donné à la fameuse herbe) et se retirer du business. Pour que la citrouille se transforme en princesse, il faut que le reste de la famille s’accorde sur ce deal et veuille aussi abandonner la partie, ce qui est loin d’être gagné, la cupidité des uns et des autres ayant pris le dessus… Joseph, qui veut surtout protéger le premier cercle familial, à savoir ses triplés, enchaîne mensonges sur mensonges pour se sortir des pétrins successifs dans lesquels il s’est mis. Il invente par exemple une sordide histoire de “bande rivale“ menaçant les Hazans en leur envoyant des signes plus ou moins explicites. Il espère ainsi qu’ils auront suffisamment peur pour jeter l’éponge… Gérard, lui, dont le rêve est de se payer un grand et beau voilier et partir loin, ment aussi à sa famille et à son groupe de parole des Narcotiques Anonymes auquel il participe en leur faisant croire qu’il est sevré au cannabis pour lequel il avait développé une addiction dans la première saison… Aure, la soeur de Joseph, ment, elle, sur l’identité de son amoureuse toujours gendarme, mais sait être ingénieuse quand il s’agit de blanchir l’argent du cannabusiness. Elle saura aussi faire fructifier son don d’imitation de sa grand-mère pour se faire passer pour elle et sauver la famille… Ludmila, enfin, ne ment plus, plus du tout, surtout après avoir perdu la tête suite à un AVC. Elle sera alors mise à l’écart pour éviter qu’elle parle trop… Les autres parties prenantes de ce trafic suivent le mouvement au mieux et ne sont pas à court d’arguments et d’imagination quad il s’agit d’arranger ou d’aggraver la situation…
La suite n’est qu’un enchaînement de péripéties plus ou moins loufoques, et de contrariétés plus ou moins importantes et incontournables. Nous avons affaire à une comédie qui dédramatise la production du cannabis, et son trafic, ou en tout cas est loin de la diaboliser, même si les armes à feu sont présentes, que des corps tomberont, et que la prison sera au rendez-vous… Un concours de circonstances et une alliée précieuse, amoureuse de Gérard, le père de famille, et rencontrée aux réunions des Narcotiques Anonymes, sauveront les meubles, pour un temps seulement, probablement du moins…
Pas de raison d’attendre plus de cette série qui a choisi son camp, c’est-à-dire le parti pris d’en rire plutôt que d’effrayer comme il arrive que ce soit le cas quand l’on traite de la thématique de l’usage et surtout du trafic de cannabis… Les comédies s’emparant de ce sujet-là sont désormais légion et surfent sur la vague de dédiabolisation du produit dans une population française dont les représentations évoluent, bien heureusement, au fur et à mesure que les politiques répressives reculent dans d’autres pays européens, ou outre-Atlantique… Si le produit mérite, certes, d’être appréhendé objectivement, c’est aussi pour mettre à mal l’intérêt d’une clandestinité qui, pour le coup, encourage une réalité du trafic loin d’être amusante…
Thibault de Vivies (Cet article sera publié dans le numéro 17 de la revue DOPAMINE. www.revuedopamine.fr)