La vaporisation du cannabidiol (CBD) : avis du RESPADD

La vaporisation de cannabidiol (CBD) peut et devrait être une alternative à l'usage actuel de cannabis fumé. Le RESPADD a consacré sa Lettre à ce sujet en janvier 2018 et a donné l'avis d'un groupe de travail sur la vaporisation du CBD.

Dans sa lettre du mois de janvier 2018, le Réseau de prévention des addictions (RESPADD) a fait une mise au point sur le cannabidiol (CBD), en répondant aux questions suivantes :

–          Qu’est-ce que le CBD ?

–          Sous quelles formes est-il disponible et quels sont ses effets ?

–          Que sait-on de ses risques potentiels et quel est son statut légal ?

Le cannabidiol : état des lieux

B. Angerville (GRAP-Amiens) et A. Dervaux (CHU-Amiens) nous rappellent que le cannabidiol est l’un des 90 à 100 cannabinoïdes connus à ce jour. Son affinité pour les récepteurs cannabinoïdes CB1 est 100 fois plus faible que le THC.

Sous forme de vaporisation, sa concentration plasmatique est maximale en 5 à 10 minutes, et son élimination est lente, en raison de son accumulation dans les tissus adipeux.

Il ne semble pas posséder d’effets euphorisants ni de potentiel de renforcement positif, mais des effets anxiolytiques ou hypnotiques « agréables » et/ou de relaxation.

Les effets thérapeutiques : un essai multicentrique a montré que le CBD réduisait la fréquence des crises épileptiques chez les enfants et les jeunes adultes hautement résistants aux traitements antiépileptiques classiques. Il rentre dans la composition de deux médicaments : le Sativex (CBD + THC) et l’Epidiolex ; le premier attend toujours (malgré une AMM en 2014 pour les troubles spastiques de la SEP) sa commercialisation, et le second a bénéficié d’une ATU entre janvier et juin 2017 pour certaines formes graves d’épilepsie chez l’enfant.

Le CBD commercialisé à des fins non thérapeutiques : citons le CBD420, fortement dosé en CBD et faiblement en THC vendu comme complément alimentaire « non illégal » et utilisé en infusion ou vaporisation. On trouve sur internet du CBD commercialisé depuis l’étranger sous plusieurs formes : cigarettes électroniques avec une cartouche de CBD, des liquides contenant du CBD à différents dosages (20 ou 100 mg pour 10 ml), de l’huile de CBD sous plusieurs formes (‘gélules, pâte associée à de l’huile) et de la pommade au CBD contenant aussi de la cire d’abeille et de l’huile d’olive.

Il n’y a pas assez d’arguments pour conclure sur un potentiel de dépendance au CBD.

Le cannabidiol : ses effets et ses usages

J. Sorin (Laboratoire français du e-liquide – Pessac) nous rappelle que le CBD est un phytocannabinoïde, dont la structure chimique n’a été déterminée qu’en 1963 par Mechoulam et Shvo. On le retrouve en plus grande quantité dans les souches de cannabis sativa (avec un faible taux de THC), et en moindre quantité dans les souches de cannabis indica (avec au contraire un taux élevé de THC. L’interaction avec les cannabinoïdes endogènes expliquerait certaines propriétés pharmacologiques, et les effets divergents entre le CBD et le THC responsable des effets psychotropes euphorisants engendrés par la plante. Lorsqu’ils sont consommés simultanément, le CBD semblerait avoir un effet « modulateur » sur la perception des effets psychotropes spécifiques au THC. L’auteur précise que le potentiel toxique du CBD est réduit voir quasi nul, et que les effets indésirables notables sont majoritairement un risque de fatigue, une somnolence, ainsi qu’une irritation subjective en inhalation.

Le recours au CBD peut se faire dans le cadre d’un usage thérapeutique (Sativex  et Epidiolex,  cités précédemment), d’un usage alternatif (avec sa vapoteuse), ce qui le différencie d’un usage récréatif de cannabis qui est fumé (toxicité du THC et combustion incomplète, comme le tabac).

La vaporisation du CBD à des températures de 200 à 250° permet sa stabilité et sa délivrance en intégralité (à la différence de la biodisponibilité du THC fumé qui n’est que de 20%).

Le 29 janvier 2018, un avis a été rendu sur la vaporisation du CBD, suite aux travaux d’un groupe de travail animé par le Pr B. Dautzenberg, avec 4 points :

  • le plan réglementaire,
  • les caractéristiques du e-liquide,
  • le flacon et l’étiquette, et
  • la vente des e-liquides au CBD.