Récit / Dealer du tout-Paris de Gérard Fauré

Autres drogues

Les Editions du Nouveau Monde publient un récit à la première personne, curieusement assez court, du parcours animé et bien rempli du fameux fournisseur de cocaïne de toute la Jet-set parisienne des années quatre-vingt. Si Gérard Fauré raconte tout ça, c’est pour “se vider“ et surtout rétablir quelques vérités. Il nous raconte son histoire depuis son enfance au Maroc (Il est né d’un père officier français et d’une mère berbère), à son entrée dans le grand banditisme qui l’a fait rencontrer aussi bien les grands bandits, que des hommes politiques hauts placés et des stars du moment. Le récit de ce septuagénaire, sous-titré “Le fournisseur des stars parle“, ne s’aventure qu’un court moment dans les soirées jet-set où la poudre blanche coulait à flot autant que le champagne, et où le showbiz se poudrait le nez en toute impunité. Il ne faut donc pas s’attendre, à la lecture de ces quelques deux cent dix pages, à des scoops sulfureux ou à des révélations étonnantes. Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de l’auteur. Quelques noms seront dévoilés, mais connus du grand public depuis belle lurette. Ce récit permet surtout de comprendre et d’identifier les liens étroits et cachés entre la voyoucratie et le monde politique.

Le parcours se concentre sur les évènements de vie qui ont fait de l’auteur ce qu’il est devenu, à savoir un dealer de renom qui s’est fait une place au soleil de nombreuses années, mais en a aussi passé un certain nombre à l’ombre, dix huit ans pour être exact.

Gérard Fauré a commencé sa vie de truand en dépouillant des morts dans les cimetières quand il était adolescent au Maroc. Il s’est ensuite converti dans le change de monnaies étrangères avant de partir aux Pays-Bas pour vivre de proxénétisme, trafics en tout genre et braquages avec des amitiés et connivences entretenues au fil du temps avec le parrain marseillais Gaëtan, dit “Tony“, Zampa ou le fameux Francis Vanverberghe, dit “Francis le Belge“. Pour éviter de se faire tuer, il décide au début des années 80 de venir vivre en France chez sa mère qui habite alors une maison bourgeoise à Versailles. Il écume les boites de nuit parisiennes et y écoule sa cocaïne. Il organise aussi chez lui des “afters“ courus par tous les “teufeurs“ de l’époque. Il fournit en quantité, et pas qu’à des inconnus, une drogue en vogue dans les années 80, avec le risque, si ces “people“ se font arrêter, qu’ils parlent et donnent son nom. Ce qui arrivera inévitablement et lui vaudra quelques aller-retours en prison, et quelques rancoeurs tenaces. Gérard Fauré nous raconte aussi ses connexions passées avec Charles Pasqua et les travaux d’intimidation, ou pire, effectués pour le compte du SAC (Service d’Action Civique), service d’ordre du parti Gaulliste à l’époque de Jacques Chirac à qui il dit avoir rendu quelques “services“. Gérard Fauré nous parle également des liens établis avec les cartels sud-américains pour le trafic de cocaïne et le blanchiment de l’argent que lui rapportera cette poudre blanche, produit qu’il connaît très bien : « Aucune coke ne ressemble à une autre. Certaines, comme la colombienne, vous donnent envie de danser, de faire l’amour, mais rendent très agressif, parano et méfiant. La bolivienne rend morose, triste, et pousse parfois au suicide. La meilleure est la péruvienne, qui augmente votre tonus, votre joie de vivre et pousse à la méditation, au questionnement. La vénézuélienne a des effets uniquement sur la performance sexuelle. Les autres, brésilienne, chilienne ou surinamienne, ne sont que des pâles copies. »

Gérard Fauré nous raconte son histoire sans nous demander d’y croire. “C’est paroles des uns contre parole des autres“, nous explique-t-il dans un entretien qu’il a donné à France Inter. Mais sa parole vaut autant, si ce n’est plus, que celle des politiques, estime-t-il, car dans son milieu, on n’a pas l’habitude de “baver“ des mensonges. On a un code d’honneur…