La saison 3 de la fameuse série de Netflix, consacrée aux cartels d’Amérique latine, a abandonné le personnage principal des deux premières saisons, à savoir Pablo Escobar, “El Patron“ du cartel de Medellin, sur le toit de la maison où la police colombienne et la DEA américaine l’ont mis hors d’état de nuire le 2 décembre 1993.
Bien entendu, il serait présomptueux de la part des gouvernements des deux pays qui ont déclaré la guerre à la drogue d’imaginer que le trafic de cocaïne va s’arrêter avec la mort de son plus fameux représentant. En effet, le cartel de Cali, du nom de la troisième ville du pays, déjà en place lors des deux premières saisons, profite de la mort d’Escobar, et occupe le terrain laissé vacant par le cartel de Medellin. Toute cette troisième saison ne tourne donc pas autour d’une seule personnalité, mais plutôt du quatuor qui compose le cartel qui continuera d’inonder les Etats-Unis de leur poudre blanche. A la tête de cet empire qui n’a rien à envier à celui d’Escobar, Gilberto Rodriguez Orejuela, patron des patrons, son frère Miguel, Pacho Herrera qui s’occupe de faire la liaison avec les mexicains et gère le trafic à l’international, et enfin Chepe Santacruz qui dirige le réseau de distribution à New York. Bien entendu, ces quatre pontes du cartel sont entourés d’une famille, femmes et enfants qui occupent une place centrale, mais aussi de comptables et de membres de la sécurité, dont notamment le personnage de Jorge Salcedo, et de partenaires colombiens ou mexicains qui ont leur mot à dire et compliquent souvent la tâche du cartel.
La troisième saison démarre avec un accord passé entre les autorités colombiennes et les chefs du cartel de Cali. Ces derniers acceptent de cesser toute activité illégale dans six mois, de se rendre aux autorités et de faire quelques années de prison, tout ceci en échange de la possibilité de garder le contenu de leurs comptes en banque. L’objectif du gouvernement colombien : sortir la tête haute et vainqueur de cette guerre à la drogue. L’objectif du cartel : profitez des six derniers mois pour s’enrichir un peu plus et se reconvertir dans l’économie légale, appuyé par tous les soutiens entretenus depuis le début des années 90 dans la sphère politique et économique. C’était toute la différence entre le cartel de Cali et celui de Medellin, se faire plus discret et profiter de la corruption ambiante pour poursuivre ses affaires sans exactions publiques, et sans assassiner ses opposants.
Bien entendu, l’accord entre le gouvernement colombien et les frères Rodriguez est fragile, car tous les partenaires du cartel de Cali, et quelques fonctionnaires corrompus, n’approuvent pas cet accord. L’agent de la DEA Javier Pena, seul rescapé des deux premières saisons, compte bien mettre la main sur les frères Rodriguez dans une croisade contre le trafic perdue d’avance. Il est accompagné de deux jeunes agents, Chris Feitl et Daniel Van Ness, pleins de bonne volonté mais souvent bien naïfs.
Cette troisième saison reprend le style des deux premières en accompagnant la fiction d’images d’archives qui pourraient laisser penser, à tort, que tout ce qui est montré à l’écran est au plus proche d’une réalité complexe. Bien entendu, il convient d’être toujours prudent. Certains événements et personnages sont fictionnels mais permettent tout de même d’éclairer la réalité des événements qui ont occupé la Colombie durant les années 90… Bien entendu, le cartel de Cali aura fait son temps, et la fin de la saison s’ouvre sur le Mexique, pays qui prendra le relais dans l’appropriation d’un trafic qui ne s’arrêtera bien entendu pas à l’arrestation des membres du cartel de Cali…