ADDICTIONS COMPORTEMENTALES / L’addiction aux jeux de hasard et d’argent chez les seniors : un véritable défi clinique

Si l'addiction aux jeux d'argent touche environ 0,5% de la population générale, les auteurs de cette lettre à l’éditeur soulignent le manque actuel de données épidémiologiques robustes chez les personnes dites « âgées »

Jeux d’argent et de hasard

 

 

 

Par Paul Brunault

 

L’addiction aux jeux de hasard et d’argent (désormais appelée jeu d’argent pathologique dans le DSM-5) est une addiction comportementale vis à vis des jeux impliquant une part variable de hasard (ex., jeux de tirage, grattage, casino, paris sportifs, paris hippiques, poker). Si cette addiction touche environ 0,5% de la population générale, les auteurs de cette lettre à l’éditeur soulignent le manque actuel de données épidémiologiques robustes chez les personnes dites « âgées » (selon les recommandations internationales, personnes de plus de 65 ans). Ceci est d’autant plus dommageable que ces personnes sont particulièrement à risque pour cette addiction : l’industrie du jeu a développé une politique publicitaire particulièrement attractive pour eux (i.e., popularité croissante dans les maisons de retraite des voyages organisés en casinos, promotion active de certains jeux) ; la catégorie d’âge expose à des facteurs de risque spécifiques : troubles cognitifs, vulnérabilité favorisée par certains traitements médicamenteux (tels que les agonistes dopaminergiques prescrits dans la maladie de Parkinson), les dommages financiers paraissent moins apparents au départ car les personnes plus âgées ont en moyenne un capital plus important que les plus jeunes.

Dans cet article, ces auteurs suggèrent que la difficulté à évaluer la prévalence de cette addiction dans cette population pourrait être liée à la fois à l’absence de critères diagnostiques et d’auto-questionnaires adaptés à cette tranche d’âge, et à l’absence de prise en compte des spécificités cliniques de cette population (les items du DSM font référence à l’impact professionnel – non applicable pour ces personnes –, il existe un risque accru de recourir à des jeux en ligne chez les personnes âgées du fait de leurs handicaps, les résultats obtenus à l’aide d’enquêtes par auto-questionnaires sont limités du fait de la forte prévalence des troubles cognitifs).

Les auteurs appellent donc à considérer avec une attention particulière cette problématique de santé publique, et mettent en avant l’importance de créer un outil clinique (plutôt qu’un auto-questionnaire) qui soit adapté aux spécificités de cette population. La prochaine fois que vous passez dans un casino, pensez à jeter un œil à la proportion de personnes âgées qui jouent : vous pourrez voir si les hypothèses de ces auteurs vous semblent pertinentes…

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