Les addictions touchent un nombre croissant de sujets dans la population générale. Il existe d’ailleurs aujourd’hui de véritables « épidémies addictologiques » dans certains pays, par exemple aux Etats Unis avec les opioïdes.
Quand on évalue ce nombre, on pense surtout aux usagers de substances car on prend souvent prioritairement en compte les conséquences directes des produits en termes de fonctionnement, de santé, ou de qualité de vie. Ce ne sont pourtant pas les seules personnes subissant les répercussions de ces consommations. L’entourage familial des utilisateurs est lui aussi significativement impacté. Les membres de ces familles sont plus à risque de développer des problèmes de santé chroniques sur le plan somatique et psychiatrique. Ils sollicitent de manière plus importante le système de santé et ont de plus grosses dépenses pour les soins médicaux. S’ils sont intégrés dans le calcul, le nombre de personnes concernées par les addictions augmente alors de manière exponentielle.
Ces familles jouent un rôle majeur dans la vie des patients présentant un trouble d’usage de substance. Elles apportent le plus souvent un soutien continu et contribuent de manière indirecte à la prise en charge en motivant le patient à y participer. Elles sont pourtant encore régulièrement laissées en périphérie du soin qui se focalise plus volontiers sur « l’individu ». Il a pourtant été montré que les interventions d’éducation thérapeutique centrées sur les addictions prodiguées à ces familles avaient un impact significatif sur la prise en charge de ces patients. Elles améliorent le pronostic, l’état de santé global du patient mais aussi de son entourage, ainsi que la prévention des consommations de substance chez les adolescents. Une revue de Rowe et collaborateurs précise même que « les modèles familiaux sont non seulement une alternative de traitement viable pour le traitement de la toxicomanie, mais sont maintenant reconnus comme l’une des méthodes les plus efficaces pour traiter les adultes et les adolescents ».
Malgré ces publications de plus en plus nombreuses sur le sujet, les systèmes de santé restent souvent réticents à faire participer les familles de manière concrète aux prises en charge de ces patients. Cela pourrait être expliqué par le fait que « l’entourage familial » est fréquemment assimilé à un facteur de risque et/ou de développement de la pathologie addictive. Cela peut en effet être le cas, mais il faut aussi considérer que le fonctionnement familial n’est pas statique et qu’avec des interventions appropriées, les membres de la famille pourraient acquérir les compétences nécessaires pour soutenir et aider leur proche souffrant d’addiction.
Ventura et collaborateurs proposent donc d’encourager et de développer les stratégies de soins centrées sur la famille. Ils considèrent que les proches peuvent être facteurs de changements pour les patients addicts, et sont aujourd’hui encore une ressource précieuse insuffisamment exploitée dans les soins addictologiques.
Par Julien Cabé
Addictions / Il est temps d’en parler en famille !
Les addictions touchent un nombre croissant de sujets dans la population générale. Il existe d’ailleurs aujourd’hui de véritables « épidémies addictologiques » dans certains pays, par exemple aux Etats Unis avec les opioïdes.