Benzodiazépines : en prise chronique, les effets indésirables prédominent et inversent la balance bénéfice/risque

Plus de 9 millions de Français ont pris des benzodiazépines en 2024 : un niveau qui situe la France au 2ᵉ rang européen après l’Espagne !

Médicaments
Benzodiazépines en prise chronique les effets indésirables prédominent et inversent la balance bénéfice risque
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Les benzodiazépines, introduites dans les années 1960, sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central, via la modulation des récepteurs GABA-A, principal neurotransmetteur inhibiteur du cerveau. Leur action se traduit cliniquement par des effets anxiolytiques, sédatifs, hypnotiques et anticonvulsivants.

  • Saviez-vous qu’elles sont principalement prescrites pour :
    • des troubles anxieux,
    • des troubles sévères du sommeil,
    • certaines formes d’épilepsie.

Mais ces molécules agissent essentiellement sur les symptômes sans traiter les causes sous-jacentes des troubles !

  • Saviez-vous par ailleurs qu’en prise chronique, les effets indésirables des benzodiazépines prédominent et inversent la balance bénéfice/risque de cette classe pharmacologique ? C’est pourquoi les recommandations officielles préconisent une durée de prescription limitée, de quelques jours à 3 semaines pour l’insomnie, et un maximum de 12 semaines pour les troubles anxieux. Et pourtant en 2016, des données de l’ANSM montraient qu’environ 50 % des prescriptions dépassaient 8 mois.
  • Saviez-vous aussi que sur le plan de la perception du risque, environ 1/3 des patients qui prennent des benzodiazépines rapportent ne pas identifier de risque particulier lié à leur traitement. Et pourtant des phénomènes de dépendance, ou même d’addiction, peuvent émerger et requièrent ensuite une déprescription (réduction de dose ou cessation).

Quelques données épidémiologiques complémentaires :

– 53 % des Français qui prennent des benzodiazépines sont des femmes et 47 % des hommes.
– Motifs de prescription :

  • Anxiété : 59 % chez les femmes vs 41 % chez les hommes.
  • Troubles du sommeil : 56 % chez les femmes vs 44 % chez les hommes.

Des données qui soulignent l’importance d’une évaluation régulière du rapport bénéfice/risque, d’une information adaptée, éclairée et complète à destination des patients et d’un accompagnement structuré lors de la déprescription, qui doit être planifiée.

Un point crucial sur lequel reviendra la semaine prochaine le Pr Benjamin Rolland, psychiatre addictologue au Centre hospitalier Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, notre expert du mois.

En savoir plus :

Muriel Gutierrez
Amande épicée