Benzodiazépines : « Les problèmes viennent souvent du fait que la gestion de l'arrêt n'a pas été anticipée avec le patient. »

Pr Benjamin Rolland, psychiatre addictologue aux CHU de Lyon et au Centre hospitalier Le Vinatier - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole.

Médicaments

Psychiatre et addictologue, maître de conférences des universités – praticien hospitalier à l’Université de Lyon et au CH Le Vinatier à Bron.

La culture de la déprescription planifiée des benzodiazépines n’est plus une option ! Elle doit devenir une évidence pour les professionnels de santé et pour les patients.

Comme le souligne le Pr Benjamin Rolland, psychiatre addictologue aux CHU de Lyon et au Centre hospitalier Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole : « Les problèmes liés aux benzodiazépines viennent souvent du fait que la gestion de l’arrêt n’a pas été anticipée avec le patient. »

Bien prescrire, c’est planifier l’arrêt ! Il est primordial que les professionnels fixent avec les patients des critères d’arrêt dès le début du traitement, à la fois en cas d’efficacité ou d’inefficacité.

Cela repose sur une information du patient qui devient acteur de sa santé (empowerment).

Benzodiazépines : quelles indications ?

Anxiété, insomnies, et plus rarement, crises d’épilepsies et syndrome de sevrage d’alcool.

Effets indésirables ?

Somnolence, confusion, manque de concentration, pertes de mémoire, étourdissements ou troubles de l’équilibre susceptibles de provoquer une chute, irritabilité, anxiété, dépression, maux de tête, nausées, troubles du rythme cardiaque…

Risque ?

La durée du traitement : de quelques jours à 3 semaines pour l’insomnie et un maximum de 12 semaines pour les troubles anxieux. Il existe en effet une inversion progressive du rapport bénéfice-risque au cours du temps.

Dépendance ?

Les benzodiazépines peuvent entraîner un phénomène d’accoutumance. Les contre-mesures établies par le système nerveux pour lutter contre les effets épuisent l’effet initial, incitant à augmenter la dose. Il s’agit là de symptômes classiques de dépendance pharmacologique en cas de traitement prolongé, qui diffèrent des symptômes comportementaux (perte de contrôle).

En cas de dépendance seule, une décroissance progressive (avec son médecin traitant) qui respecte les paliers de doses (faibles) a un bon pronostic.

Si des symptômes comportementaux apparaissent (perte de contrôle, craving (envie irrépressible de consommer), conséquences psychosociales), un accompagnement plus encadré est nécessaire, par exemple un séjour hospitalier séquentiel dans un service spécialisé. Objectif : une décroissance avec un switch de molécules équivalentes à élimination plus lente. Il n’existe pas à proprement parler de traitement de substitution pour les benzodiazépines.

Un parcours coordonné

Entre addictologues, psychiatres, médecins-traitants et pharmaciens de ville, qui délivrent les traitements, jouent un rôle de surveillance, d’éducation des patients, et font remonter des problématiques.

Muriel Gutierrez
Amande épicée