Cannabis : des nouveaux arguments pour maintenir la prohibition ?

Depuis quelques mois, des services d’urgence, des CSAPA, et plusieurs centres d’addictovigilance et agences régionales de santé (ARS) tirent la sonnette d’alarme sur la circulation de cannabis fortement dosés, voire additionnés de produits de synthèse à fort potentiel psychotrope.

Cannabis

Les faits décrits dans certains médias par les professionnels de santé, la police et les autorités sont-ils de nature à changer la donne sur la question de la légalisation du cannabis ? Posée depuis plusieurs années, cette question est plus que jamais d’actualité face au constat d’échec manifeste de la politique actuelle de prohibition. S’il n’est pas question d’occulter les dangers bien réels de ces molécules, il est à craindre que ces derniers soient instrumentalisés dans le débat qui s’est enfin ouvert sur la légalisation du cannabis. Et les périodes électorales qui s’annoncent y seront propices.

Pour pouvoir recentrer le débat sur des bases scientifiques et non idéologiques, il est aussi important d’identifier les arguments qui pourraient être utilisés par les adversaires de la légalisation et y répondre sereinement :

  1. « On ne peut pas légaliser un produit fortement dosé et donc dangereux » : cet argument ne tient pas alors que les drogues les plus dangereuses, et de loin, sont des drogues licites (tabac, alcool). Au contraire, la légalisation permet précisément d’encadrer la teneur en principe actif et de réduire les risques liés à la consommation, du moins pour l’alcool[3].
  2.  « Le cannabis est bien plus dangereux que ce qu’on dit » : cet argument, ancien, est celui de l’opinion contre la science. Les dangers de ces nouveaux produits doivent être comparés avec ceux des autres drogues légales ou illégales sur le marché, par exemple avec les dangers du binge drinking (alcool à très fortes doses en une seule occasion). A cet égard, il serait utile, et méthodologiquement facile, d’actualiser les travaux sur la dangerosité respective des drogues légales et illégales de Roques et Nutt pour avoir une échelle de dangerosité des drogues, et non pas jouer sur les peurs.
  3. « Les trafiquants vont proposer des produits plus attractifs (plus dosés) en cas de légalisation » : ce serait oublier que c’est déjà le cas – la hausse des taux de THC n’est pas si nouvelle – alors que le cannabis est illégal. Par ailleurs, les produits de synthèse les plus divers sont une industrie clandestine en pleine expansion et, légalisation ou pas, ils sont de toute façon conçus pour échapper à toute réglementation.

Voir la suite des propositions sur le site d’Addictions France