Cannabis : haute teneur en THC, haut risque de dépendance ? Une étude longitudinale prospective publiée dans Drug and Alcohol Dependence

Cannabis

Depuis quelques années, le statut légal du cannabis évolue partout dans le monde. L’Uruguay, premier pays du monde à avoir légalisé le cannabis en 2013, a été suivi par certains états des Etats-Unis, et récemment par le Canada en octobre 2018.

En France, la culture, l’achat la vente et l’usage de cannabis sont interdits depuis la loi de 1970.

Pourtant, un aspect crucial de ces questions législatives parait écarté du débat : faut-il instaurer un taux maximal de Tétrahydrocannabinol – THC, l’un des principaux composés du cannabis, responsable des effets psychoactifs – contenu dans le cannabis proposé à la vente ?

Cette question parait d’autant plus pertinente que ce taux a augmenté régulièrement depuis 20 ans, passant en moyenne de 3,5% en 1994 à 12,30% en 2012. On trouve en 2019 des concentrations supérieures à 30% dans les échantillons de cannabis analysés.

Or, de nombreuses études montrent qu’un taux élevé de THC, en particulier au-delà de 15%, est corrélé à une majoration des effets délétères : altération plus sévère des structures cérébrales, élévation du risque de développer un trouble psychotique, et risque majoré de dépendance au cannabis.

Cependant, les différentes études étayant ces craintes s’appuient pour une partie sur un recueil de données peu optimal.

Dans cette étude, 527 volontaires suivis de 11 à 26 ans, et ayant initié un usage de cannabis de 1994 à 2012 ont répondu à un questionnaire sur leur consommation de cannabis. Le questionnaire portait notamment sur l’âge du premier usage, la fréquence de consommation, et l’existence de symptômes pouvant faire évoquer une dépendance.

La conclusion de l’étude est que l’usage de cannabis à forte teneur en THC augmente le risque de développer une dépendance au cannabis, ce risque pourrait même augmenter pour chaque pourcentage de THC en plus.

Cela appuie donc une fois de plus le besoin de régulation à ce sujet dans les pays où le cannabis est légalisé à usage récréatif, sans aucune limite fixée sur le taux de THC dans le cannabis proposé à la vente.

De plus, dans les pratiques des soins en addictologie et en psychiatrie, cela pourrait constituer une piste intéressante de prévention et de réduction des risques, en se basant non plus seulement sur le mode de consommation des usagers, mais aussi sur le type de cannabis consommé.

Julia de Ternay (interne de psychiatrie à Lyon)

& Benjamin Rolland (SUAL, Lyon)

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