CANNABIS / Modifications ECG chez des patients consommateurs de cannabinoïdes de synthèse

La popularité des cannabinoïdes de synthèse augmente de jour en jour, de part leur faible coût, leur accessibilité, leurs effets psychoactifs intenses et leurs caractéristiques indétectables en tests urinaires de routine.

Cannabis

La popularité des cannabinoïdes de synthèse augmente de jour en jour, de part leur faible coût, leur accessibilité, leurs effets psychoactifs intenses et leurs caractéristiques indétectables en tests urinaires de routine. Les cannabinoïdes de synthèse sont des produits chimiques imitant les effets du THC mais qui en diffèrent structurellement. Les cannabinoïdes de synthèse ont une plus grande affinité pour les récepteurs CB1 que les récepteurs CB2 et sont 2 à 100 fois plus puissants que le THC.

Les effets indésirables sont nombreux, évoluent en fonction des produits et sont plus toxiques que le THC. Les principaux sont l’hypertension, l’hypotension, la bradycardie, la tachycardie, l’agitation, la psychose, les nausées et vomissements.  Cependant ces effets sont liés à la toxicité aigue des cannabinoïdes de synthèse et peu de données sont actuellement disponibles quant aux effets toxiques d’un usage chronique, notamment sur le plan cardio-vasculaire.

Des ECG de 35 patients consommateurs de cannabinoides de synthèse ont été comparés à ceux de 35 témoins, appariés sur l’âge et le sexe. Les durées de l’onde P (Pmax et Pmin), n’étaient pas différentes selon les groupes. Cependant, la dispersion de l’onde P (différence entre Pmax et Pmin) était plus élevée chez les patients que dans le groupe témoin (34±9,4, 29,5±6,6, p=0,02, respectivement). L’intervalle QT était significativement plus élevé chez les patients que dans le groupe témoin (380,3±25, 365,6±22,8, p=0,01), ainsi que le QT corrigé (415±36,8 ,392±15,5, p=0,001). De même, la dispersion QT (différence entre intervalle QTmax et QTmin) était plus élevée chez les patients que dans le groupe témoin (39,8±10,0, 29,2±5,4, p<0,001).

Alors, que la plupart des études réalisées jusqu’alors évaluaient les effets aigus, cette étude met en évidence les conséquences potentielles d’un usage chronique. Les altérations de l’onde P pourraient favoriser la survenue de troubles du rythme atriaux et l’allongement du QT la survenue de différents évènements cardio-vasculaires, tels que l’infarctus du myocarde. Les patients consommateurs de cannabinoïdes de synthèse devraient faire l’objet d’une évaluation régulière afin de déceler la présence de maladies cardiovasculaires et d’arythmies. L’ECG, qui est un test bon marché et facile à réaliser, pourrait alors être utilisé pour déterminer le risque pro-arythmique.

Par Louise Carton

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