Cannabis : un usage qui entraîne de nombreux risques

Regard d’expert du Pr Alain Dervaux, psychiatre, addictologue, sur les effets et les conséquences sur la santé liés à la consommation de cannabis. Un usage qui entraîne de nombreux risques.

Cannabis

Le cannabis et le THC en bref ?

Plante classifiée comme stupéfiante, le cannabis peut être consommé sous forme de résine, d’herbe ou d’huile. Son principe actif est le « Δ9-THC (tétrahydrocannabinol). Lors de la consommation, cette molécule psychoactive interagit avec des récepteurs cannabinoïdes au niveau du cerveau, générant sensations de plaisir ou d’euphorie, une meilleure sociabilité et parfois l’impression de soulager des émotions désagréables.

Effets du cannabis à court, moyen, long terme ?

Fréquemment des troubles cognitifs : attention, concentration, mémoire et capacités d’organisation sont altérés. Conséquences immédiates ? Les accidents si l’on conduit dans les 6 h après avoir consommé. Plus on fume, plus les effets sont marqués. Pour les fumeurs réguliers (au moins 20 fois /mois) les impacts au travail sont multiples : somnolence, retards, conflits, manque d’efficacité… L’autre risque est l’addiction : perte de contrôle, envie irrépressible de consommer, augmentation de la consommation. Les troubles du sommeil, la nervosité, l’irritabilité à la diminution de la consommation pointent un début d’addiction. Selon une enquête de l’OFDT (2022) : 2 % des adultes sont des fumeurs quotidiens et 7 % des 17 ans consomment au moins 10 fois dans le mois, ce qui est beaucoup !

Idées reçues sur le cannabis ?

• Il n’est pas si bon pour le sommeil. S’il favorise l’endormissement à court terme, il déstructure l’architecture du sommeil à long terme.
• Il n’est pas si bon contre l’anxiété sociale : s’il favorise les relations sociales au début, au long cours, ça ne marche plus.
 
Des précisions d’importance ?

• Plus la consommation commence tôt, plus les effets nocifs pour la santé sont marqués. Durant l’adolescence, période d’expansion cérébrale, le Δ9-THC peut gêner la croissance nerveuse normale à l’origine des conséquences cognitives et psychiatriques.
• Pour éviter la dépendance, les consommateurs ont intérêt à fumer le plus tard possible (après 18 ans, pas d’usage quotidien). Le moins possible est le mieux pour la santé.
• La bonne nouvelle c’est que dès que les consommateurs réguliers arrêtent leurs consommations, ils ont rapidement les idées plus claires, surtout le matin. Contrairement à l’alcool, les troubles cognitifs sont réversibles, même en ayant fumé beaucoup, depuis longtemps. Quand on arrête on récupère !

Muriel Gutierrez (Amande épicée)