CBD / Cannabis médical: Le Professeur Authier répond au cannabiste

Une interview du site lecannabiste.fr

Cannabis

LC: L’épidémie de consommation de Cannabis dans notre pays atteint des proportions qui placent la France aux mauvais extrêmes dans tous les classements. En tant que professionnel de la santé et citoyen responsable, pensez-vous que les choix du CSST peuvent impacter la situation générale devenue urgente avec le Cannabis en France?

Ouvrir la discussion sur l’usage thérapeutique du cannabis en France peut avoir un impact sur les représentations de la population sur le cannabis en général dont son usage récréatif. Probablement dans le sens d’une banalisation, d’une sous-estimation des risques liés à l’usage de cette plante. Pour cela, il faut continuer à informer objectivement les usagers sur les risques de l’usage dit récréatif de cette plante et notamment sur la manière de réduire ces risques. C’est aussi une des raisons pour laquelle certains s’opposent totalement à tout usage de cannabis même thérapeutique, voyant dans cette initiative une porte d’entrée vers la légalisation globale de l’usage du cannabis. Traiter de l’usage du cannabis thérapeutique ne doit pas faire croire à l’ouverture d’une brèche vers la légalisation du cannabis. Ce sont à mon sens des sujets qu’il faut traiter différemment dans l’intérêt des deux problématiques. Il faudrait même différencier les trois questions relatives à l’usage de cannabis : thérapeutique, récréatif et confort ou bien-être. Cette dernière notion étant par exemple illustrée par certains usages non médicaux d’extraits de cannabis riches en cannabidiol et pauvres en THC.

 

LC: Il semble que l’usage en vaporisation de fleurs de Cannabis soit la manière la moins nocive de consommer du Cannabis sous sa forme naturelle par voie aérienne. Est-ce que ce genre de dispositif fait l’objet d’évaluations médicales sérieuses dans le CSST aujourd’hui?

Bien entendu, la technique de vaporisation s’avère beaucoup moins nocive que l’usage de cannabis sous la forme de joints ou de douilles. En tant que médecin, il m’est difficile, pour ne pas dire impossible, de concevoir une prescription d’une substance à visée thérapeutique sous forme de cigarette (joint) à fumer du fait des risques liés à la combustion. La voie inhalée est surtout la voie de prédilection pour une absorption très rapide et un passage au cerveau en quelques secondes (plus rapide qu’une voie intraveineuse). Néanmoins cela ne permet pas toujours de faire passer la quantité suffisante ce qui oblige ainsi la répétition des prises dans la journée. Aussi cela n’en fait pas forcément une voie d’administration de référence pour traiter des symptômes permanents d’une maladie chronique pour laquelle nous devons privilégier un traitement de fond et en si besoin des traitements complémentaires ponctuels à effet rapide. C’est donc dans ce dernier usage que la vaporisation d’extraits de cannabis pourrait avoir toute sa place.

Consulter en ligne