
Acronyme du cannabidiol, le CBD est une molécule que l’on retrouve naturellement dans la plante de chanvre, autrement nommée le cannabis, et plus spécifiquement dans ses fleurs. De la famille des phytocannabinoïdes (phyto = origine naturelle), le CBD est autorisé en France car il n’est réglementairement pas classé comme stupéfiant ou psychotrope. Il ne déclenche aucune addiction, mais comme tout principe actif, il peut avoir des effets indésirables. Disponible librement à la vente sous différentes formes, son usage régulier et sur le long cours requiert toutefois un suivi médical. Alors que cette molécule, qui a le vent en poupe dans notre pays, est de plus en plus consommée, il est toutefois nécessaire de faire preuve de vigilance et de discernement, tant sur le choix des revendeurs, que sur la composition même du produit acheté. Enfin si le CBD n’est pas addictif, le THC, substance la plus psychoactive du cannabis, qui peut aussi être présent (même en faible quantité) dans les produits vendus est potentiellement détectable lors d’un contrôle routier, ou en milieu professionnel pour les postes à risque (tests salivaires). Addict’AIDE dans son focus du mois vous propose de revenir plus en détail sur le CDB, ses différentes formes, ses effets et les précautions d’emploi, afin de privilégier une consommation plus éclairée et raisonnée, mais aussi d’éviter des conséquences qui peuvent être délétères.
Le CBD, de quoi s’agit-il précisément et quelle différence avec le THC ?
Le CBD est une molécule que l’on retrouve naturellement dans les fleurs de chanvre. Sa vente est autorisée et légale, avec des spécificités applicables à chaque type de produits : pas plus de 0,3% de THC (Delta-9-tétrahydrocannabinol, la substance la plus psychoactive du cannabis) pour la résine et les fleurs séchées, et des traces infimes, généralement inférieures à 0,001% du produit pour les compléments alimentaires et les cosmétiques. Ce critère est contrôlé par la DGCCRF. La plante de chanvre contient en effet de nombreux composants actifs, en réalité plus de 400 substances chimiques (THC, CBD, CBN et bien d’autres…). Le THC et le CBD sont deux des composants de la plante, et s’ils ont une formule moléculaire très similaire, les effets de chacun sont extrêmement différents.
Les deux se lient aux récepteurs cannabinoïdes de notre cerveau, mais le THC modifie notre psychisme, les sensations ressenties ainsi que notre comportement, avec qui plus est un risque d’addiction. Ce qui n’est absolument pas le cas du CBD. « Aucune dépendance avec le CBD, à condition que des quantités très faibles de THC soient associées au produit comme le stipule la réglementation, puisqu’on parle par raccourci de CBD, mais souvent ce sont des mélanges de substances qui sont consommés, avec du THC. Pour qu’il y ait une dépendance, il faut vraiment qu’il y ait un effet psychoactif marqué, ce qui n’est pas le cas avec le CBD. C’est ce qui le différencie du THC. », nous précise Nicolas Authier, psychiatre, pharmacologue, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand, président de la Fondation ANALGESIA, notre expert du mois.
Le CBD, typologie de produits, effets et précautions d’usage
Le CBD est utilisé sous diverses formes
Produits transformés comme les compléments alimentaires, les huiles et les cosmétiques, ou encore produit à fumer comme la résine ou les fleurs séchées, le CBD est en effet utilisé sous diverses formes. Selon le produit consommé les recommandations d’usage varient. Ainsi, en automédication, l’Académie de médecine conseille un maximum de 50 mg de CBD par jour et une concentration maximale de 20 % en CBD pour les huiles prises par voie orale.
Le CBD, un produit de confort
Apaiser des douleurs, favoriser le sommeil, diminuer le stress, ou encore réduire sa consommation de cannabis, voici les quatre principaux effets recherchés par les consommateurs de CBD.
Mais attention, comme le souligne Nicolas Authier « À date, aucun de ces 4 effets n’est validé scientifiquement. Les effets dits apaisants prônés par les vendeurs (pour ne pas dire anxiolytiques, parce qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser des allégations thérapeutiques) ne sont pas démontrés, ils sont très variables en fonction des individus ».
Si le CBD vendu en boutique, en ligne ou en pharmacie, peut potentiellement apporter un confort additionnel à des consommateurs qui ne vont pas trop mal, il ne peut être conseillé comme traitement pour des personnes qui souffrent de pathologies. Ce produit est dit de confort, et il n’a aucun effet thérapeutique.
Si certaines propriétés du CBD aideraient à mieux supporter des douleurs chroniques, ces ressentis pourraient aussi résulter d’un effet placebo ! Mais aucune étude clinique n’affirme aujourd’hui l’existence d’un bénéfice apaisant du CBD seul, chez l’homme. Une seule exception existe, dans le cas du traitement d’épilepsies pharmaco résistantes, tel que l’Épidiolex, et ce, en complément des traitements habituels et à des doses plus élevées que celles utilisées pour un usage de confort (sur prescription médicale uniquement).
Le CBD, risques pour la santé et sanctions possibles en cas de contrôles routiers ?
« Il n’y a rien de miraculeux dans le CBD. Le fait que ces produits soient d’origine naturelle ne change en rien le risque, car ce n’est pas le caractère chimique qui fait le risque, ni le caractère naturel qui fait l’absence de risque ou l’efficacité. C’est la substance elle-même. Bien que le CBD soit une substance plutôt bien tolérée, comme pour toute substance active, quelques effets indésirables sont constatés. Mais encore une fois, il n’y a aucun risque possible d’overdose, de dépendance. » – Nicolas Authier.
Le CBD et ses conséquences sur la santé
Parmi les effets indésirables, sont observés de la somnolence, de la fatigue, une diminution d’appétit, de la fièvre, des vomissements, des diarrhées ou plus rarement une toxicité sur le foie.
Notons également qu’en cas de traitement médicamenteux pris en parallèle, il est conseillé de s’assurer que le médicament associé tolère potentiellement une légère variation de sa concentration sanguine, sans induire d’effets indésirables.
Enfin, le fait de fumer le CBD maintient le risque lié à la combustion. « Dans le cadre de l’arrêt du cannabis, de nombreux patients conservent la voie fumée. À la place de fumer des joints de cannabis contenant du THC, ils fument des joints de cannabis avec du CBD. Ils auront moins d’effets cognitifs et neurologiques, mais ils conservent, et c’est important à dire, tous les risques liés à la combustion, en particulier le cancer du poumon. » alerte Nicolas Authier.
Le CBD et les contrôles routiers
Attention à ne pas prendre le volant après avoir consommé du CBD. Patientez au minimum 12h, cela vous permettra de réduire le risque d’un test positif au THC, sans pour autant l’annuler. En effet en France, « les tests routiers détectent uniquement la présence (faible ou pas) de THC dans le sang, mais ils n’apprécient pas sa quantité » précise Ludovic Rachou, Président de l’UIVEC (syndicat professionnel des entreprises actives dans le secteur du CBD pour les parties compléments alimentaires, cosmétiques et cannabis médical, donc hors fleurs ou résines de CBD). Avant d’ajouter :
« En tant que fumeur de CBD, vous vous exposez à des résultats positifs au THC et vous êtes donc passibles de sanctions : retrait de permis durant 120h (5 jours), perte de 6 points sur votre permis de conduire et vous risquez par ailleurs au maximum 3 ans de suspension de permis, 2 ans de prison, 4 500 € d’amende ».
Ludovic Rachou apporte toutefois 2 précisions importantes :
« Le CBD consommé sous la forme de compléments alimentaires, n’entraine théoriquement aucun risque de positivité aux tests routiers, dès lors que ces produits ne contiennent pas de THC. »
« En cas de contrôles routiers, les tests sanguins pour vérifier les tests salivaires, sont recommandés par les associations qui défendent le droit des usagers à consommer ce type de produit. Ils peuvent, en effet, pointer un faux positif, mais en cas de résultats positifs les sanctions sont maintenues. »
Le CBD : attention aux lieux de vente et à la composition !
Le CBD vendu en pharmacie est rigoureusement contrôlé et garanti : origine, qualité et dosage. S’il existe des produits sérieux en ligne et en boutiques spécialisées, l’Assurance maladie et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictive (MILDECA) recommandent donc l’achat en pharmacie.
« Attention à un produit contenant du CBD et qui provoque un effet psychoactif puissant. Il contient sans doute d’autres substances synthétiques, légales ou illégales, qui cherchent à reproduire l’effet du THC » prévient Nicolas Authier.
Alors que le CBD est de plus en plus consommé en France, 16,4% des adultes en ont consommé au moins une fois dans leur vie et 10% au cours de l’année selon Santé publique France en 2022, il est crucial de faire preuve de discernement et de précaution parmi un marché de revendeurs de CBD en croissance, dont certains sont respectueux de la loi et d’autres moins.
Quelle que soit sa forme, résine, fleurs séchées à fumer, huiles, compléments alimentaires, si le CBD que vous consommez génère un effet sédatif puissant, vous fait tourner la tête, la méfiance est de mise, le produit consommé est sans doute coupé avec d’autres substances chimiques. Choisir avec précaution son lieu d’achat, vérifier la composition du produit sur les emballages (Il y parfois des noms complexes ou étranges de molécules, tels que CBD avec du HHC, du H4CBD… Ce n’est pas normal.) sont de bons réflexes de précaution.
Le CBD, en résumé ce qu’il faut retenir
- Pas plus de 50 mg par jour (compléments alimentaires) et un maximum de 20% de concentration pour les huiles sans THC, selon l’Académie de médecine.
- Le CBD par automédication doit être de courte durée, si c’est un usage sur le long cours cela requiert un suivi médical. Dès lors qu’il y a une prise de médicaments, il est indispensable de consulter son médecin afin d’éviter toute interaction médicamenteuse.
- Le CBD est un produit de confort, ce n’est pas un traitement médical. Les promesses des revendeurs concernant ses effets « magiques » sont fausses.
- Quelle que soit sa forme (résine, fleurs séchées à fumer, huiles, compléments alimentaires), le CBD n’a aucun effet semblable au THC. Attention, certains produits sont coupés avec des substances chimiques psychotropes. Sélectionnez avec vigilance votre lieu d’achat et vérifier la composition des produits.
- Aucun effet addictif, pas de risque d’overdose avec le CBD, mais le THC que la résine et les fleurs séchées peuvent contenir (pas plus de 0,3%) est détectable lors d’un contrôle routier, ou en milieu professionnel pour les postes à risques.
- En cas de test salivaire positif, retrait du permis de conduire pendant 120h et perte de 6 points, avec un risque de sanctions plus lourdes.
- Le test sanguin peut pointer un faux positif, mais en cas de résultats positifs les sanctions seront maintenues.
Quelques ressources éclairantes :« Le petit livre du CBD » de Nicolas Authier aux Editions First
https://www.lisez.com/livres/le-petit-livre-du-cbd/9782412081440
« Le Cannabis pour les Nuls » de Nicolas Authier et Véronique Julia aux Editions Fisrt :
https://www.addictaide.fr/le-cannabis-pour-les-nuls-un-livre-de-veronique-julia-et-nicolas-authier/
En savoir plus sur les sanctions : Drogue au volant, la réglementation : https://www.securite-routiere.gouv.fr/reglementation-liee-aux-risques/reglementation-de-la-drogue-au-volant.
Muriel Gutierrez (Amande épicée)