Cigarette électronique à la nicotine et vapotage de cannabis : Qui est la poule, qui est l’œuf ?

La démocratisation massive de l’utilisation de la e-cigarette ces dernières années a conduit à une familiarisation de ces nouvelles méthodes de consommation de nicotine sans combustion auprès des jeunes générations.

Cannabis
La démocratisation massive de l’utilisation de la e-cigarette ces dernières années a conduit à une familiarisation de ces nouvelles méthodes de consommation de nicotine sans combustion auprès des jeunes générations. Dans cette population, ces appareils permettant d’utiliser la nicotine sous forme de liquide parfois aromatisé sont très populaires. En 2015, par exemple, les « vapoteuses » étaient les produits tabagiques les plus consommés par les jeunes. L’innocuité de ces appareils n’est pas encore démontrée et il semblerait que son utilisation par des non-fumeurs serait un risque d’initier un tabagisme à base de cigarette classique par la suite.   Au fur et à mesure de l’essor de la e-cigarette, une nouvelle tendance a émergé, celle d’intégrer du cannabis dans ces dispositifs. On retrouve pour cela l’utilisation de cire et d’huile contenant une forte concentration de THC, ou plus simplement l’usage de dispositif spécifique permettant de chauffer du cannabis moulu ou sous forme végétale sans le bruler pour produire de la vapeur. Dans certaines études, la proportion d’utilisateur de e-cigarette ayant consommé du cannabis vaporisé était de 18%.   Le rôle des pairs est en général très important dans le développement des conduites addictives aux substances psychoactives. On ne retrouve en revanche que peu de données sur l’influence du groupe de pair dans l’initiation d’un vapotage de cannabis. Les auteurs ont donc mené une enquête longitudinale avec 2 périodes de mesure, auprès d’étudiants en première année d’université afin de déterminer la prévalence du vapotage cannabique. Ils ont également étudié l’impact du réseau social développé et ont recherché les facteurs prédicteurs de ces consommations.   Dans leur échantillon, 77,1% des étudiants n’avaient jamais vapoté de cannabis (les « Abstinents »), 9,4% des étudiants avaient déjà vapoté du cannabis au cours de leur vie mais pas depuis cette enquête (les « discontinuers »), 7,5 % avaient déjà vapoté et le faisaient toujours au moment de l’enquête (les « sustainers ») et 5,9% n’en avaient jamais consommé auparavant mais s’y étaient initié entre les 2 étapes de l’enquête (les « initiateurs »).   L’usage de cannabis et de e-cigarette vie entière, ainsi que le nombre de relations ayant initié un vapotage cannabique autour de soi entre les 2 étapes du recueil de donnée étaient des facteurs associés à une probabilité accrue d’initier un vapotage au cannabis. Le nombre global de relations usagères de cannabis ou de e-cigarette n’était en revanche pas retrouvé comme un facteur prédictif. Dans l’ensemble, ces données suggèrent donc qu’il existe bien un profil à risque d’initiation de vapotage au cannabis chez les jeunes. Il s’agirait des sujets ayant des antécédents de consommation de cannabis ou de cigarette électronique à la nicotine, et ayant autour d’eux des pairs ayant initié eux-mêmes ce genre de comportement. Étant donné l’utilisation non standardisée de ces dispositifs et le poids des pairs dans l’initiation du comportement de vapotage de cannabis, cette problématique devrait être étudiée de prêt et être prise en compte dans les futures campagnes de prévention et les évolutions législatives ayant trait au contrôle de l’usage de cannabis dans notre pays.     Par Julien Cabé