
Ici, pour les unes, les uns et les autres, on entre en tentative de sevrage comme on entre en religion. L’abstinence a été posée comme une nécessité, un objectif fort et pérenne.
Alors tout le travail commence là pour Sonia, Sébastien, Redouane, Aymeric, Lucy, mais aussi Johann, le narrateur, et bien d’autres : mettre à distance les usages du passé, les compagnons encombrants, et reconstruire une vie endommagée par des consommations chroniques, et des comportements déviants dont les impacts sont encore prégnants et douloureux. A défaut de pouvoir digérer les balles, il faut les recracher sans se faire du mal ou faire du mal à son entourage…
Sonia tente un sevrage en centre de soin, un ancien couvent, et sait raconter les traumatismes du passé, mais aussi ses usages de speed, cocaïne, ou ecstasy. Malheureusement sa rage aura raison de son engagement dans la communauté. Il faudra alors vivre à nouveau dehors et éviter de tomber nez à nez avec son ex, un dealer de crack qu’elle a quitté en lui dérobant une belle somme d’argent…
Sébastien, lui, est amoureux de Sonia, mais est en quête, dans Paris, d’une jeune femme qui lui échappe et dont il tient à éponger les dettes. Il doit alors taire ses envies de skenan ou même de fentanyl, produits qui soulageraient ses difficultés…
Redouane est, lui, un violent multirécidiviste et un polyconsommateur qui a déjà fait quatre séjours en prison…
Aymeric, lui, “se défonçait aux benzo“ avant de trouver une compagne, de s’établir, et être futur père d’une petite fille…
Lucy, elle, s’est reconvertie dans l’accompagnement au sevrage après avoir lutté contre une addiction à l’héroïne. Elle est devenue psychothérapeute et sait écouter notamment Aymeric et Johann…
Le romancier, enfin, apparait, lui, en personne, mais en toute discrétion dans le récit. Il raconte que depuis qu’il est “clean“, il a peur de tout, et a perdu confiance en lui. Il se pose désormais beaucoup de questions qu’il ne se posait pas quand il était usager…
Tous ces personnages sont plus ou moins liés par les circonstances et l’envie de changer de vie, mais aussi par un environnement et un entourage qui les ramènent inévitablement à leur passé et passif. Centres d’accueil, d’aide, de soin, communautés thérapeutiques, réunions de Narcotiques Anonymes, et lieux de consommation et de deal sont autant d’occasions de se faire aider, de s’exprimer, d’écouter, de se soutenir, mais aussi de mettre à l’épreuve leur désir de sevrage total et cette difficulté de retrouver le plaisir de vivre sans produit, et faire que l’abstinence devienne un nouveau mode de vie…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr