Comprendre les addictions : l'état de l'art

Lors de la première édition de cet ouvrage, en 2004, l’enjeu était defaire comprendre, accepter et intégrer l’intérêt d’un abord global desaddictions, après des années d’une approche clivée entre tabagisme, alcoolisme et toxicomanie.

Toutes les addictions

Lors de la première édition de cet ouvrage, en 2004, l’enjeu était defaire comprendre, accepter et intégrer l’intérêt d’un abord global desaddictions, après des années d’une approche clivée entre tabagisme, alcoolisme et toxicomanie.

Nous espérions convaincre que cette approche permet de mieuxprévenir l’installation des addictions et de mieux soigner nos patients.

Les éléments qui légitimaient cet abord des addictions nous paraissaient être de trois ordres :

– une redéfinition des concepts qui permet non seulement de mieux affiner la clinique, mais aussi de s’intéresser aux états précoces de l’addiction, à savoir les usages à risque et l’usage nocif ; l’analyse fine de ces états cliniques, et leur éventuelle évolution vers la dépendance permettant
de mieux préciser ce qui revient à la pression environnementale et ce qui est sous-tendu par des facteurs de vulnérabilité individuels ;

–une connaissance de plus en plus approfondie des mécanismes neurobiologiques des addictions comme les atteintes des différents étages de la voie dopaminergique mésocorticolimbique qui sont reliées à différentes caractéristiques cliniques de l’addiction (le besoin, les perturbations
de la gestion des émotions et le fonctionnement cognitif apparemment paradoxal du sujet dépendant).

Les données de la neurobiologie

– confortées par l’imagerie cérébrale – permettent de comprendre comment les drogues, en s’immisçant comme de véritables
leurres pharmacologiques dans les mécanismes de régulation des voies du plaisir et de la souffrance, de l’approche et de l’évitement, viennent dérégler, en introduisant un besoin primordial, nos mécanismes subtils d’équilibre entre l’autonomie – la prise de risques et la recherche de sensation – et la dépendance ;
– une analyse de plus en plus fine des facteurs de risque et de vulnérabilité, tant sur les plans biologique et génétique qu’environnemental et social, qui vient conforter les données déjà acquises par la clinique et l’épidémiologie.

Aujourd’hui, en 2016, le terme « addiction » est assimilé par la société, et l’addictologie est devenue une spécialité médicale et universitaire.
De très grands progrès ont été faits dans la connaissance des mécanismes neurobiologiques permettant une bien meilleure compréhension
du fonctionnement psychologique. Les facteurs de vulnérabilité individuels et sociaux sont de mieux en mieux connus. Et cet ensemble permet de proposer des stratégies de prise en charge, et une organisation du dispositif de soins de plus en plus performante. De nombreux médicaments sont en train d’apparaître.

Toutefois, la perception sociale et politique n’est pas à la hauteur de la gravité des problèmes. Et, si tous les acteurs sont en phase pour une réduction pragmatique des dommages, les politiques publiques sont insuffisantes et parfois contradictoires inspirées souvent par des représentations idéologiques.

 

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