Consommation de cannabis : de nouveaux facteurs génétiques identifiés et une influence causale de la schizophrénie.

La consommation de cannabis est fréquemment associée à d’autres abus de substances ou à différentes pathologies psychiatriques.  Réduire cette consommation constitue de ce fait un objectif important en santé publique. Pourtant, les facteurs permettant d’expliquer pourquoi certains fument du cannabis alors que d’autres non restent peu connus.

Cannabis

La consommation de cannabis est fréquemment associée à d’autres abus de substances ou à différentes pathologies psychiatriques.  Réduire cette consommation constitue de ce fait un objectif important en santé publique.

 

Malheureusement, les facteurs permettant d’expliquer pourquoi certains fument du cannabis alors que d’autres non restent peu connus. On sait que des facteurs génétiques influencent le risque de consommer du cannabis (influence non négligeable, estimée à 45%). Néanmoins on ne disposait jusqu’à présent que de peu d’informations sur les facteurs génétiques en question. Une étude récente, portant sur un nombre considérable de sujets (184 765), a permis d’identifier 16 régions génétiques (dont 14 non identifiées jusqu’ici) associées au risque de consommer du cannabis (consommation simple, abus ou addiction).

 

Les nouveaux gènes identifiés apportent non seulement des informations sur les mécanismes impliqués dans la consommation de cannabis (par exemple, le gène NCAM1 est impliqué dans la neurogénèse et la transmission dopaminergique), mais ils suggèrent également que la consommation de cannabis doit être considérée comme un reflet pertinent du niveau de vulnérabilité d’un individu pour différents troubles psychiatriques ou consommation de substances. Ainsi, le gène CADM2 (le résultat le plus significatif de l’étude) est aussi associé à la consommation d’alcool et aux conduites de prise de risque. L’étude confirme de surcroit l’existence d’un recouvrement entre les facteurs génétiques associés à la consommation de cannabis et ceux associés à des traits de personnalité (conduites de prise de risque, extraversion), à des troubles psychiatriques (TDAH, bipolarité, autisme, schizophrénie) ou à des abus de substance (tabac, alcool).

 

Cette étude éclaire également une question ancienne mais toujours non résolue : développe-t-on une schizophrénie parce que l’on consomme du cannabis ? Ou bien consomme-t-on du cannabis pour améliorer certains symptômes de la schizophrénie ?

 

Les résultats sont largement en faveur d’une influence causale de la schizophrénie. En d’autres termes, souffrir d’un trouble schizophrénique augmenterait fortement le risque de consommer du cannabis. Ceci est en accord avec l’hypothèse selon laquelle les individus à risque de développer une schizophrénie font l’expérience de prodromes et ont recours au cannabis pour s’auto-médiquer. De façon surprenante, les résultats ne sont pas en faveur de la consommation de cannabis en tant que facteur de risque causal de troubles schizophréniques. Ces derniers résultats doivent cependant être pris avec précaution car l’analyse réalisée manquait de puissance. Affaire à suivre !

 

Romain REY

PH, Responsable du Centre Expert Schizophrénie de Lyon

Service Universitaire des Pathologies Psychiatriques Résistantes

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