DROGUES / Faut-il s’inquiéter de la consommation de cocaïne chez un patient qui débute un traitement de substitution aux opiacés ?

La mise en place d’un traitement de substitution aux opiacés (TSO) peut être mis en difficulté par la consommation d’autres substances psychoactives, notamment de cocaïne. C’est en particulier le cas de la capacité des patients à rester dans le système de soin et à poursuivre le TSO à moyen et long terme.

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La mise en place d’un traitement de substitution aux opiacés (TSO) peut être mis en difficulté par la consommation d’autres substances psychoactives, notamment de cocaïne. C’est en particulier le cas de la capacité des patients à rester dans le système de soin et à poursuivre le TSO à moyen et long terme. Cette étude rétrospective analyse l’impact de la consommation de cocaïne sur la poursuite à un an d’un TSO chez 3835 patients suivis dans 58 établissements de l’Ontario au Canada. Ce travail a l’intérêt de couvrir un grand nombre des structures présentes en Ontario, dans des zones urbaines denses comme des zones rurales et très peu peuplées. La cohorte de patients évaluées est donc représentative de la diversité des patients eux-mêmes mais aussi de l’offre de soin.

Parmi les 3835 patients dont les dossiers ont été évalués, 44% avaient poursuivi le TSO pendant au moins 1 an. 65,9% présentaient un test de dépistage de la cocaïne négatif lors du premier mois de traitement par TSO. Les patients des zones urbaines étaient plus fréquemment consommateurs de cocaïne que ceux des zones rurales. Le taux de poursuite du traitement par TSO à 1 an était de 39% chez les patients qui consommaient par ailleurs de la cocaïne avant l’admission, et de 46% dans le cas contraire. Parmi les patients consommateurs de cocaïne, ceux dont le test de dépistage de cocaïne était négatif à l’admission présentaient une plus longue durée de maintien du TSO (302 jours contre 212). Plus la fréquence de consommation de cocaïne était élevée et moins cette durée était importante.

La consommation de cocaïne chez un patient entrant dans des soins de la dépendance aux opiacés est donc un facteur de mauvais pronostic concernant la mise en place d’un TSO et surtout le maintien de ce traitement dans la durée. Ces résultats vont dans le sens des recommandations actuelles qui préconisent des suivis rapprochés chez les patients polyconsommateurs qui débutent un TSO, et éventuellement des stratégies de management des contingences concernant la cocaïne. Il pourrait être intéressant de donner la priorité à la prise en charge du trouble de l’usage de cocaïne, ou tout du moins de garantir aux patients qui bénéficient d’un TSO un accès à des soins spécialisés concernant la cocaïne.

Par Julien Cabé

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