Une étude de 2011 a étudié l’influence des réseaux sociaux et sa relation avec les consommations abusives d’alcool, de tabac et de marijuana chez les adolescents. Les 70 % d’utilisateurs de réseaux sociaux sont 5 fois plus susceptibles de fumer (10 % contre 2 %), sont deux fois plus nombreux à boire de l’alcool (10 % contre 5 %) ou consommer de la marijuana (13 % contre 7 %). L’étude établit également une corrélation entre la « cyber intimidation » et la consommation de drogues.
La prévalence de l’addiction aux écrans, à l’internet et au smartphone n’est pas encore connue pour la France. Selon l’étude réalisée en 2018 par le Fonds Actions Addictions avec la Fondation Gabriel Péri et la fondation pour l’Innovation Politique et avec le soutien du groupe VyV, l’utilisation des écrans, réseaux sociaux et jeux vidéo, est spectaculairement élevée chez les jeunes, et plus encore chez les adolescents. 26 % des 18-22 ans estiment passer plus de 5 heures par jour sur les réseaux sociaux, 10 % y consacrent plus de 8 heures chaque jour. De même, 16 % des 18-22 ans disent passer plus de 5 heures par jour sur les jeux vidéo et 7 % plus de 8 heures. L’enquête a mis en évidence que les garçons consacrent 2 fois plus de temps que les filles aux jeux vidéo et qu’à l’inverse, les filles passent 2 fois plus de temps sur les réseaux sociaux que les garçons. Ce constat s’accorde avec les résultats des études internationales, le plus souvent réalisées en Asie, qui montre également que la répartition des comportements addictifs par type d’usage est différenciée entre garçons et filles.
Nous pouvons remarquer que le caractère plus ou moins addictif spécifique de chaque type ne peut être scientifiquement établi à partir des études observationnelles et traduirait en réalité les préférences de consommation de chaque sexe. 21 % des jeunes (dont 15 % des 14-17 ans) consultent des sites pornographiques toutes les semaines et 9 % d’entre eux quotidiennement. 13 % des jeunes jouent au moins une fois par semaine à des jeux d’argent. Surtout, l’enquête a confirmé l’existence de polyaddictions associant addictions aux produits et addictions comportementales. Enfin, comme aux États-Unis, les jeunes des familles aux revenus modestes (inférieurs à 250 euros/mois) sont les plus exposés et sont les plus forts consommateurs de tabac, cannabis, cocaïne, ecstasy, GHB, jeux d’argent, porno, jeux vidéo et réseaux sociaux. La corrélation avec l’Indice de masse corporelle a été retrouvée dans l’enquête française, elle est retrouvée dans d’autres pays sans pouvoir établir un lien de causalité compte tenu de l’association entre obésité, niveau socio-économique et activité physique (l’addiction au smartphone ayant pour effet de réduire encore la participation aux activités sportives et réduit l’exercice physique).
Le rôle du smartphone et de l’Internet devrait être reconnu à la fois pour son caractère potentiellement addictif, mais aussi pour sa capacité à toucher les élèves fragiles et susceptibles de présenter des risques forts. Compte tenu de la fréquence élevée des polyadditions, le smartphone devrait être considéré paradoxalement comme l’outil à privilégier pour la prévention et le repérage des adolescents à risque au collège et au lycée. Les conditions de mise en œuvre de telles actions reposant notamment sur la collecte facilitée par des applications ou des téléservices dédiés pourraient faire l’objet d’expérimentation misant plus particulièrement sur les effets de groupes (réseaux sociaux) dans leur mise en œuvre tout en préservant l’implication des parents en tant que « premiers acteurs de la prévention ».
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