
Les recherches sur les personnes SDF sont compliquées et donc rares. Les personnes SDF constituent en effet ce que l’on appelle des « hard-to-reach populations », des populations difficiles à atteindre.
L’objectif de cette grande étude américaine était d’évaluer les taux et les schémas de consommation de substances illicites, d’accès aux soins, d’antécédents d’overdose non fatale et de possession de naloxone parmi les personnes sans domicile dans un grand État américain, la Californie. Elle s’est menée chez des adultes sans domicile d’octobre 2021 à novembre 2022 dans 8 comtés californiens. La méthodologie était complexe, afin d’assurer une certaine représentativité, et a utilisé un échantillonnage probabiliste à plusieurs niveaux et un échantillonnage piloté par les répondants. Les personnes éligibles étaient âgées de 18 ans ou plus et répondaient à la définition fédérale du statut de SDF.
Les principales mesures des résultats comprenaient la consommation de substances illicites au cours de la vie et des six derniers mois, ainsi que le type de substance (méthamphétamine, opioïdes au marché noir ou cocaïne). Les soins pour addiction aux substances au cours de la vie et actuellement, les besoins de sois non satisfaits, les types de soins reçus, les surdoses non mortelles, et la possession de naloxone à l’heure actuelle, ont été mesurés. Les estimations de la prévalence de la population avec des IC de Wald à 95 % ont été calculées.
Sur les 3865 personnes approchées, 3042 (79%) ont participé et 158 participants supplémentaires ont été recrutés par le biais d’un échantillonnage dirigé par les répondants. Parmi les 3 200 participants, l’âge moyen était de 46,1 ans (IC à 95 %, 45,3-46,9), 67,3 % (IC à 95 %, 65,2 %-69,3 %) étaient des hommes cisgenres, et il y avait des proportions similaires de participants noirs et afro-américains, hispaniques et latins, et blancs. Dans l’ensemble, on estime que 65,3 % (IC 95 %, 62,2 %-68,4 %) des participants ont consommé des drogues illicites régulièrement (≥3 fois par semaine) au cours de leur vie ; 41,6 % (IC 95 %, 39,4 %-43,8 %) ont commencé à en consommer régulièrement avant leure première situation de sans-abrisme et 23,2 % (IC 95 %, 20,5 %-25,9 %) ont commencé à en consommer régulièrement après. Au cours des six derniers mois, environ 37,1 % (IC 95 %, 32,9 %-41,3 %) des participants ont déclaré avoir consommé régulièrement n’importe quelle drogue ; 33,1 % (IC 95 %, 29,4 %-36,7 %) ont déclaré avoir consommé des méthamphétamines, 10,4 % (IC 95 %, 7,9 %-12,9 %) ont déclaré avoir consommé des opioïdes et 3,2 % (IC 95 %, 1,8 %-4,6 %) ont déclaré avoir consommé de la cocaïne. Au cours de leur vie, on estime que 25,6 % (IC 95 %, 22,8 %-28,3 %) ont consommé des drogues injectables et 11,8 % (IC 95 %, 9,8 %-13,8 %) ont consommé des drogues injectables au cours des six derniers mois. Parmi les participants ayant consommé régulièrement au cours de leur vie, on estime que 6,7 % (IC 95 %, 3,8 %-9,5 %) d’entre eux suivent actuellement une prise en charge addictologique. Parmi les personnes ayant consommé régulièrement au cours des six derniers mois, environ 21,2 % (IC 95 %, 17,9 %-24,5 %) ont déclaré vouloir suivre un traitement mais ne pas en suivre un. On estime que 19,6 % (IC 95 %, 17,4 %-21,8 %) des participants ont subi une overdose non mortelle au cours de leur vie et que 24,9 % (IC 95 %, 21,3 %-28,5 %) possèdent actuellement de la naloxone.
Conclusion et pertinence : dans une étude représentative des adultes sans domicile en Californie, les proportions de consommation actuelle de drogues, d’antécédents d’overdose et de besoins non satisfaits en matière de traitement, étaient particulièrement élevées. L’amélioration de l’accès à un traitement adapté aux besoins des personnes sans domicile pourrait améliorer les résultats.
En savoir plus : https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2830616