Fumeurs : 3 arguments pour continuer à envisager la vape avec sérénité !

Tabac

Le contexte : Haro sur la vape

Tout le monde a entendu parler ces dernières semaines des nombreux de cas d’affections pulmonaires liées à la vape aux États-Unis : on les chiffre à 800 cas dont 12 morts. Peu de temps avant, l’OMS avait déclaré la cigarette électronique « nocive ». A l’heure actuelle, une trentaine de pays ont d’ailleurs interdit son utilisation (Inde, Argentine, Thaïlande, Arabie Saoudite, Brésil…). Il en est de même à San Francisco, et Donald Trump a récemment annoncé qu’il allait interdire les arômes pour les e-cigarettes. C’est aussi le cas de façon conservatoire à New York (arômes) et dans le Massachusetts (interdiction totale).

Or, l’analyse de ces cas met en évidence des pneumopathies lipoïdes liées à une utilisation dévoyée de la cigarette électronique, utilisée pour consommer de l’huile de cannabis associée à des adjuvants non contrôlés, et achetés au marché noir. On confond donc le contenant (vaporisateur) avec des contenus frelatés déjà connus comme dangereux pour les poumons. Une série d’analyse de capsules de THC à vaper achetés au marché noir a montré dans 100% des échantillons testés la présence d’acide cyanhydrique (un pesticide -fongicide- principal composant du Zyklon B, gaz utilisé dans les chambres à gaz nazies) *6*.

On pourrait même penser à une confusion organisée pour desservir la vape, d’autant que l’interdiction est portée par les deux pays principaux producteurs de tabac (États-Unis et Inde). La confusion porte sur le terme de e-cigarette et de vapotage, tous les deux associés sans ambiguïté en France à une méthode pour arrêter de fumer, alors que le vrai sujet est la nature de e-liquides qui ne sont pas vendus en France, en tous cas pas dans les circuits officiels. On peut citer un article du Figaro Santé du 30 septembre, dont le contenu est documenté et parle du vrai sujet, les liquides  THC frelatés, et dont le titre et le chapeau ont des relents de  sensationnalisme, et parlent de e-cigarettes et de vapotage.*7*

Par ailleurs on constate, aux États-Unis, une forte extension de l’utilisation de vape à haut dosage en sels de nicotine (JUUL) qui conduit le public et les autorités à s’inquiéter de l’apparition d’une nouvelle forme de dépendance à la nicotine chez les jeunes, au moment même où la prévalence de la cigarette chute très fortement dans cette population.

Nous vous proposons un court argumentaire sur le rapport bénéfices/risques de l’utilisation de la vape pour démonter ces informations parcellaires.

 

  • La vape est un outil performant pour arrêter de fumer

En France, malgré la pression médiatique, le Ministère de la Santé et la plupart des professionnels de l’addictologie considèrent que la vape est une bonne solution pour un sevrage tabagique.
En effet, les articles scientifiques parus dans les plus prestigieuses revues (Lancet, NEJM *1*, *4* ), les retours présentés par Public Health England (*5*) font état d’une efficacité réelle de la vape par rapport aux patchs de nicotine, les meilleurs résultats étant obtenus en associant patch de nicotine et vape avec e-liquide nicotiné *2*.

Au-delà de son efficacité, les utilisateurs plébiscitent son usage agréable (on conserve le geste, on aromatise la vapeur à son goût, on peut doser pour avoir l’apport en nicotine le mieux adapté à chacun, on conserve le côté sociabilité) : on parle d’un « package plaisir » qui permet d’abandonner plus facilement le tabac fumé.

Dans l’Union Européenne, et plus particulièrement en France, les liquides utilisés bénéficient d’une labellisation stricte, avec de nombreux et rigoureux contrôles de la DGCCRF et de l’ANSES. *3*

 Pour obtenir tous ces bénéfices, une éducation à la bonne utilisation est nécessaire tout d’abord chez les vendeurs (une démarche de certification CIMPVAPE leur est proposée) mais aussi avec des systèmes d’entraide entre utilisateurs. (Voir le groupe Facebook JeNeFumePlus !, qui est ouvert à toutes les méthodes pour arrêter de fumer et qui compte un tiers de vapoteurs parmi ses 16 000 membres)

 

  • Dans un monde idéal, il vaut mieux ne rien mettre dans ses poumons.

En France, la vente de produits du vapotage (e-cigarettes et e-liquides) est interdite aux mineurs, et toute publicité est interdite.

 Nous sommes donc hors d’atteinte du marketing ciblant les jeunes, avec des vapes dosées à 50mg de nicotine, qui a permis à JUUL de prendre les ¾ de ce marché aux États-Unis.

L’usage chez les moins de 18 ans reste souvent dans le champ de pratiques d’expérimentations adolescentes et doit rester clairement déconseillé. Nous préconisons la pratique du vapotage simplement dans le cadre du sevrage tabagique.

 

  • Une baisse de l’utilisation de la vape, c’est une augmentation du nombre de morts liés au tabac.

L’efficacité de la vape n’est plus à prouver : en 7 ans ce sont 700 000 fumeurs qui ont arrêté le tabac grâce à elle. De plus, la première baisse significative du nombre de fumeurs en France, passant de 32% à 28% de la population est corrélée entre autres avec l’accroissement de l’usage de la vape. (Baromètre santé 2017, Santé Publique France)

Il y a donc de fortes chances de penser qu’une baisse de l’utilisation de la vape (qui serait évaluée pour l’été 2019 à un tiers des ventes antérieures ) entraînera mécaniquement une augmentation des morts liés au tabac : en provoquant des rechutes, en retardant et en compliquant la décision d’aller vers le sevrage tabagique. Il faut rappeler qu’un fumeur sur deux meurt d’une maladie causée par le tabac.

Les acteurs de la santé (Santé Publique France, addictologues et tabacologues, Ministère de la Santé, Mildeca ) doivent faire front pour présenter les bénéfices de la vape comparés aux risques, très clairement plus faibles que ceux liés au tabac. On rappellera l’image du Pr Dauzenberg, tabacologue et pneumologue, sur ces risques : « Fumer, c’est comme rouler sur l’autoroute à contresens. Vapoter, c’est comme rouler à 140 au lieu de 130 km/h »

Pour des informations complémentaires voir notre prise de position dans la vidéo ci-dessous. 

 

*1*
Nicotine without smoke: fighting the tobacco epidemic with harm reduction ( Robert Beaglehole; Clive Bates, Ben Youdan, Ruth Bonita)
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(19)31884-7/fulltext

*2*

Nicotine patches used in combination with e-cigarettes (with and without nicotine) for smoking cessation: a pragmatic, randomised trial ( Natalie Walker, PhD ; Varsha Parag, MSc, Marjolein Verbiest, PhD George Laking, MBChB, Prof Murray Laugesen, MBChB, Prof Christopher Bullen, MBChB )
https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(19)30269-3/fulltext

*3*

Réglementation

https://www.addictaide.fr/tabac/les-traitements/le-vapotage-la-vape-le-vaporisateur-personnel-la-cigarette-electronique/vapotage-et-espace-public/

*4*
A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy (Peter Hajek, Ph.D., Anna Phillips-Waller, B.Sc., et al.)

https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMoa1808779

*5*

Public Health England

https://publichealthmatters.blog.gov.uk/2018/02/20/clearing-up-some-myths-around-e-cigarettes/

*6*

https://www.nbcnews.com/health/vaping/tests-show-bootleg-marijuana-vapes-tainted-hydrogen-cyanide-n1059356

*7*

http://premium.lefigaro.fr/sciences/faut-il-avoir-peur-de-la-cigarette-electronique-20190929