L'actualité culturelle des addictions par Thibault de Vivies

Chaque mois, Thibault de Vivies, du site Dopamine, nous propose une sélection de films, séries ou livres qui traient des addictions. Voici sa sélection d’avril.

Toutes les addictions

Tout pour être heureux ?

Un film documentaire de Jérôme Adam et Olivier Le Bris

« Avez-vous déjà pensé d’une personne qu’« Elle avait tout pour être heureuse » ?
Beau gosse, intelligent, d’un milieu privilégié… Cédric avait à priori tout pour être heureux. Et pourtant à l’adolescence, il bascule dans l’addiction aux stupéfiants et à l’alcool…

Des années plus tard, son frère Jérôme, père de famille d’un naturel optimiste, réalise qu’il appréhende de revivre avec sa fille ce qu’il a connu avec Cédric. Il décide alors de partir à la rencontre de femmes et d’hommes que l’on entend rarement : les sœurs et frères de personnes dépendantes.
Ensemble, ils mettent des mots sur les maux, mêlent rires et espoirs, rompent avec les clichés.

« Un voyage au cœur des familles qui va conduire Jérôme de Paris à New York et Barcelone en passant par différentes régions françaises.

Une quête qui n’a qu’un but : libérer la parole pour mieux protéger nos proches et nos enfants. »

Pour que la parole se libère, il faut qu’on lui en donne l’opportunité. C’est ce que propose ici Jérôme Adam en partant à la rencontre de celles et ceux qui, comme lui, ont été touchés de près par la dépendance d’un proche. Ecouter ce que vit l’entourage dans sa relation, plus ou moins distendue, avec la personne souffrant de troubles de l’usage, c’est aussi “aller vers“, et approfondir la compréhension des mécanismes en place…

 

La ville nous appartient

Un récit de Justin Fenton

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paul-Simon Bouffartique

Editions Sonatine, 17 mars 2022, 544 pages

« En 2008, Justin Fenton devient le reporter chargé des affaires criminelles au Baltimore Sun. Un poste convoité où, par le passé, s’est illustré David Simon, avant qu’il devienne le célèbre showrunner de la série The Wire. Baltimore est alors toujours la ville au taux de criminalité le plus élevé des États-Unis. Mais une unité spéciale d’agents en civil est en train de nettoyer les rues avec un seul mot d’ordre : tolérance zéro.

En 2017, la nouvelle tombe : sept des principaux officiers de l’unité spéciale sont arrêtés pour corruption et racket en bande organisée. C’est un véritable système d’intimidation, de faux témoignages, de collusions avec le monde du crime qui est mis au jour. En dépit de sa fréquentation assidue de la police, de la justice et des criminels, Justin Fenton tombe des nues. Il n’avait rien vu venir.

C’est cette incroyable affaire de corruption qu’il raconte dans cet ouvrage qui se lit comme un roman. Document humain et chronique criminelle d’une rare intensité, La ville nous appartient a été adapté sur HBO par David Simon, Ed Burns et George Pelecanos, pour une sortie fin avril 2022. »

Une quinzaine d’année après « Baltimore : une année au cœur du crime », journal de bord d’une année passé au côté de la brigade criminelle de la ville écrit pas David Simon, ce récit de Justin Fenton, montre les dégâts d’une politique de prohibition qui n’avance qu’à coup de butoir et de compromissions systémique.

 

 Me, my self et high
15 personnalités racontent leur rapport au cannabis

Un document collectif

Nique Les Editions, 03 février 2022, 254 pages

« Bien plus qu’une simple substance illicite, le cannabis est devenu en France une réalité sociale ainsi qu’un objet culturel. Avec 5 millions de consommateurs annuels, la France est le principal marché européen du cannabis. Pendant qu’un peu partout dans le monde des processus de légalisation sont à l’œuvre, dans notre pays, de nombreux clichés persistent et on sait rarement de quoi on parle. Pour lever le tabou, libérer la parole et ouvrir le débat, nous sommes allés à la rencontre de 15 personnalités du monde de la culture, qui nous ont raconté sans aucun complexe leur rapport personnel au cannabis. Mathieu Kassovitz, Lio, Sébastien Tellier, Liliane Rovère, Frédéric Beigbeder, Laura Felpin, Monsieur Poulpe, Benoît Hamon, Jan Kounen, Manu Payet, Jok’air, Sebastien Thoen, Boombass, Scotch-Man, Johann Zarca : ces entretiens sont issus du podcast Banana Kush, qui depuis octobre 2018 ausculte le cannabis dans toutes ses dimensions. »

On a vite fait de se glorifier d’être un fumeur de joints en ventant ses vertus quand le besoin et l’envie d’être un peu plus populaire se fait sentir. Qu’est-ce que cette quinzaine de personnalités du monde de la culture ont à nous dire de plus que vous et moi ? Si ce n’est laisser penser que la “fumette, c’est bien un truc d’artiste“, tentons d’aller au-delà des clichés et écoutons ce que ces usagers occasionnels ou réguliers ont à nous dire en mettant de côté l’idée que parce que ce sont des « people », leur avis est plus éclairé que celui du consommateur lambda…

 

Tout ce qui brûle

Un roman de Lisa Harding

Traduit de l’anglais (Irlande) par Christel Gaillard-Paris

Editions Joelle Losfeld, 10 mars 2022, 336 pages

« Sonya est une jeune mère célibataire, ancienne comédienne en mal de paillettes, au besoin irrépressible d’amour et de reconnaissance. Elle aime plus que tout son fils de quatre ans, Tommy. Et avec leur chien Herbie ils forment un trio indéfectible. Dans la banlieue dublinoise, la famille vit en vase clos, au rythme des excès de Sonya : excès de vitesse, excès d’amour, excès d’alcool. Car Sonya boit, parfois au point de mettre la vie de son fils en danger.

Un jour, son père fait un retour décisif dans sa vie, et l’emmène dans un couvent réaménagé en centre de désintoxication pendant que Tommy est placé par l’assistance sociale. Seule, Sonya va devoir affronter les angoisses et la paranoïa qui ressurgissent, raccrochée à cette volonté de reformer sa famille, pour, enfin, apprendre à composer une vie normale avec Tommy.

Lisa Harding livre un roman au réalisme sans fard, tenant le juste équilibre entre humour et émotion. Porté par l’urgence de son personnage,  » Tout ce qui brûle » fait avant tout le portrait d’une relation fusionnelle qui unit une mère à son fils. 

L’insouciance de l’enfance est percutée ici par les troubles de l’usage d’une mère de famille qui, malgré son addiction à l’alcool, s’est réfugié dans l’amour d’un fils qui reste sa priorité. Aller mieux, c’est s’éloigner de son enfant un temps, pour revenir à ses côtés plus armée et plus apaisée…