Il s’agit d’un article en marge du champ addictologique, et pourtant, il intéressera sûrement tous les cliniciens et les chercheurs qui tentent de mieux cerner la complexité des effets du cannabis et de ses nombreux composants. Depuis quelques années, on savait que le cannabidiol (CBD) exerçait des effets plutôt protecteurs sur les effets aggravants des symptômes psychotiques du tétra-hydro-cannabinol (THC), le principe actif central du cannabis, et responsable des effets psychodysleptiques. A tel point que le ratio THC/CBD est devenu un marqueur de dangerosité psychiatrique du cannabis chez les sujets présentant des facteurs de prédisposition aux troubles psychotiques. Il était donc suspecté que le CBD pouvait avoir des vertus antipsychotiques, et des essais cliniques ont été lancés pour vérifier cette hypothèse. Le premier de ces essais vient donc d’être publié. Il est issu d’une équipe londonienne du King’s College, avec des collaborations en Pologne et en Roumanie.
Les auteurs ont testé chez 88 sujets avec schizophrénie, en « add-on » aux antipsychotiques, 1000mg/j de CBD vs. un placebo. L’essai a duré sur 6 semaines et a mesuré l’évolution du score PANSS, classiquement utilisé pour mesurer les symptômes de schizophrénie. Les résultats montrent que les sujets ayant reçu du CBD ont à la fin de l’essai statistiquement moins de symptômes positifs et un meilleur score de fonctionnement global qu’au départ. Même si les résultats n’étaient pas significatifs, les auteurs ont constaté de meilleures performances cognitives et un meilleur fonctionnement global dans le groupe CBD. Dans la mesure où le CBD n’est pas connu pour agir sur les récepteurs dopaminergiques, les auteurs suggèrent qu’une nouvelle classe pharmacologique d’antipsychotiques vient ainsi d’être découverte. On attend les résultats des autres essais cliniques.