«Enfant, j’allais jouer avec mes parents au tiercé. Et puis je me suis mariée, j’ai eu un enfant. Je ne jouais plus. Mais au moment de mon divorce, je me suis remise à jouer, témoigne Évelyne, 62 ans. Je jouais à tout. Au tiercé, aux jeux de grattage, au casino… Lorsque je perdais, j’avais toujours l’espoir de gagner la fois suivante. J’en suis arrivée à dépenser 2000 euros au casino en une soirée! À partir de ce moment-là, mon compagnon a découvert mes dettes. Ça n’était plus possible.»
L’histoire de cette Parisienne ressemble à celle de nombreux joueurs pathologiques: la rencontre précoce avec les jeux d’argent, le plaisir de jouer qui se transforme en besoin compulsif malgré les pertes, avec cet espoir de «se refaire». Le joueur augmente alors les doses: il va miser de plus en plus d’argent et jouer de plus en plus souvent et ce, malgré les conséquences négatives comme le surendettement. Ces comportements sont typiques de l’addiction. Car c’en est une. L’addiction au jeu est même, pour le moment, la seule addiction sans substance reconnue par le DSM-5, le manuel de référence des psychiatres.
«La seule différence avec les addictions avec substances, c’est qu’il n’y a pas d’intoxication. Lorsque la personne joue, elle est dans son état normal. Elle n’est pas sous l’emprise d’un produit qui modifie son comportement», précise le Pr Marie Grall-Bronnec, psychiatre et addictologue au CHU de Nantes.