Dans le cannabis, on sait que le delta-9-tétrahydocannabinol (THC) a des effets délétères psychiatriques, notamment des effets pro-psychotiques sur certains sujets à risque, alors que le cannabidiol (CBD) a plutôt des effets antipsychotiques (même s’il n’y a pas d’étude suffisante pour le considérer comme un médicament). Si les dommages induits par l’usage régulier de cannabis ont été très étudiés et peuvent être exacerbés à l’adolescence, on sait peu de choses sur les effets aigus du cannabis chez les adolescents. Dans cette étude, publiée dans Addiction, l’objectif des auteurs, issus du King’s College de Londres, était de comparer les effets aigus du cannabis chez les consommateurs de cannabis adolescents et adultes, et de déterminer si le CBD module les effets aigus du THC.
Il s’agit d’une expérience croisée randomisée, en double aveugle, contrôlée par placebo.
Vingt-quatre adolescents (12 femmes, 16-17 ans) et 24 adultes (12 femmes, 26-29 ans) qui consommaient du cannabis 0,5-3 jours/semaine, ont été appariés sur la fréquence de consommation de cannabis (moyenne = 1,5 jours/semaine). Les chercheurs ont alors administré trois préparations de fleurs de cannabis vaporisées ajustées au poids : « THC » (8 mg de THC pour une personne de 75 kg) ;
« THC+CBD » (8 mg de THC et 24 mg de CBD pour une personne de 75 kg) ; et ‘PLA’ (placebo). Les critères de jugement principaux étaient : 1) l’effet ressenti de la drogue (subjectif), 2) le fonctionnement de mémoire verbale épisodique (rappel de prose retardé); et 3) l’effet psychotomimétique avec une échelle validée.
Par rapport aux sujets du groupe « PLA », ceux des groupes « THC » et « THC+CBD » ont augmenté de manière significative (p<0,001) l’effet ressenti de la drogue, les troubles de la mémoire verbale et les effets psychotomimétiques accrus. Aucun résultat n’a montré que les adolescents différaient des adultes dans leurs réponses au cannabis (interaction p≥0,4) et les analyses bayésiennes réalisées ont retrouvé des effets équivalents du cannabis chez les adolescents et les adultes. Les auteurs n’ont pas retrouvé que le CBD modulait de manière significative les effets aigus du THC.
En conclusion, les adolescents consommateurs de cannabis ne sont ni plus résilients ni plus vulnérables que les adultes consommateurs de cannabis vis-à-vis des effets psychotomimétiques induits par la consommation immédiate de cannabis, de l’altération de la mémoire ou des effets récréatifs subjectifs du cannabis. De plus, chez les adolescents et les adultes, le CBD vaporisé n’atténue pas les dommages aigus causés par le THC.
Lien vers l’article : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/add.16154
Par Benjamin Rolland