Cet article d’actualité traite des impacts potentiels de la crise actuelle de la COVID-19 sur l’activité de jeu problématique et propose quelques pistes de réflexions que ce soit pour la clinique ou pour la recherche.
Les auteurs soulignent que les différents changements environnementaux subit par la population en réaction à la COVID-19 peuvent influencer les activités de jeu que ce soit à la hausse ou à la baisse dans une certaine mesure.
S’agissant des éléments qui peuvent réduire la proportion des joueurs problématiques, nous pouvons noter la fermeture des lieux de jeu terrestre tels que les casinos mais aussi l’interruption des évènements sportifs occasionnant un arrêt des paris sportifs. Si on comprend que ces modifications puissent avoir un impact favorable en diminuant l’activité de jeu, les auteurs soulignent un manque de recul et questionne la possibilité qu’une activité de jeu de prédilection ne pouvant se réaliser puisse dans ce contexte être transférée vers une nouvelle activité.
Les éléments environnementaux pouvant majorer cette activité de jeu apparaissent plus nombreux et moins équivoques. Tout d’abord, on comprend bien que le stress lié à la COVID-19 puisse augmenter l’engagement dans les jeux d’argent. Les personnes confinées chez elles ont connu des changements rapides de leurs conditions de travail, un stress psychosocial ainsi que des symptômes anxieux et dépressifs dans lequel le jeu puisse constituer une réponse pour réguler ou éviter ces affects. Et, si la situation de confinement a engendré du stress, elle a aussi occasionné de l’ennui dont on rappelle qu’il constitue l’une des motivations pour jouer. Au vécu individuel de la situation sanitaire de la COVID-19, s’ajoute la situation financière internationale et nationale. En effet, si la situation de crise est tout d’abord sanitaire, elle est aussi financière. Or dans le passé, les crises financières (Grèce, Islande) ont engendré systématiquement une augmentation de la population de joueurs problématiques. Pour rappel, la motivation pour débuter ou poursuivre une activité de jeu avancée par l’ensemble des joueurs est avant tout financière : le gain d’argent. On comprend bien alors que dans un contexte où la population éprouve des difficultés financières, le jeu d’argent puisse être une réponse à cette problématique. Ainsi, les données existantes suggèrent que les préoccupations financières liées à la COVID-19 peuvent augmenter les méfaits du jeu.
Dans ce contexte de crise, nous avons vu que les lieux de jeu terrestre n’étaient plus usités ou bien moins du fait des nombreuses restrictions. L’activité de jeu d’argent en ligne en opposition à l’activité terrestre, apparait alors comme très préoccupante en raison de sa disponibilité et de sa rapidité.
Les auteurs concluent que cette situation inédite faite d’incertitudes et de craintes peut majorer très certainement le jeu problématique et ses méfaits. Ainsi, ils recommandent d’axer les recherches sur cette problématique afin de mieux en comprendre les tenants et les aboutissants, mais surtout de mener des actions de prévention pendant et après la crise de la COVID-19 afin d’en limiter les dommages.
Accéder à l’étude
Référence :
Håkansson, A.; Fernández-Aranda, F.; Menchón, J.M.; Potenza, M.N.; Jiménez-Murcia, S. Gambling During the COVID-19 Crisis – A Cause for Concern. J Addict Med 2020, 14, e10–e12, Julie GIUSTINIANI
Service d’addictologie, CAAP Arve, Hôpital Universitaire de Genève