Quand les réseaux sociaux empêchent les adolescents de dormir : que peuvent faire les parents ?

Addictions comportementales

C’est une des questions à laquelle a tenté de répondre l’équipe de van den Eijnden des Pays-Bas dans une étude longitudinale publiée en début d’année. Notamment du fait de la forte imprégnation des écrans dans nos sociétés occidentales, de plus en plus de recherches montrent que nombreux sont les individus qui souffrent des conséquences négatives de leurs utilisations. Les adolescents sont devenus une cible majeure de ce qui est proposé sur internet et sur la majorité des réseaux sociaux. L’impact sur leur bien-être est d’autant plus questionné.

Il est déjà bien admis que le sommeil influence une part importante de la santé en permettant par exemple de maintenir et d’acquérir de bonnes capacités cognitives comme la mémoire, le langage ou la prise de décision, la capacité de réguler ses émotions, de conserver un bon système immunitaire…

Le manque de sommeil et les couchers trop tardifs sont déjà présentés comme délétères pour la santé des adolescents, tels que sur la réduction du volume d’aires cérébrales ou sur le développement de pathologies chroniques.

Dans l’échantillon étudié, plus de 2 000 collégiens ont répondu à un ensemble de questions sur la fréquence de leur utilisation des réseaux sociaux et leur utilisation problématique de ces derniers, la qualité perçue de leur sommeil et leur heure de coucher en semaine, ainsi que sur la sévérité des règles parentales concernant 1) la permission d’utiliser des écrans une heure avant le coucher et 2) la permission d’avoir des écrans dans sa chambre au coucher.

Les résultats montrent que plus un collégien utilise les réseaux sociaux ou plus il présente une utilisation problématique de ceux-ci et plus il se couche tard et perçoit avoir une moins bonne qualité de sommeil. Chez les garçons, le sommeil est néanmoins de meilleure qualité avec un coucher plus tardif (comparés aux filles) alors que chez les plus âgés, le sommeil est de moindre qualité avec un coucher plus tardif (comparés aux plus jeunes). Il conviendrait alors d’apporter une vigilance spécifique à l’utilisation des réseaux sociaux, et par extension des écrans, en fonction du genre et de l’âge des adolescents.

Par ailleurs, les données longitudinales mettent en avant l’impact de l’utilisation fréquente des réseaux sociaux et d’une utilisation problématique, sur l’heure du coucher un an après. Plus les adolescents utilisent fréquemment les réseaux et plus ils développent une tendance à se coucher tard. Ces utilisations n’ont pas d’effet significatif sur la qualité du sommeil un an après ; elles pourraient néanmoins en avoir sur d’autres variables. Ainsi, même si utiliser fréquemment les écrans ne modifie pas la qualité du sommeil, celle-ci peut aussi être impactée par des symptômes dépressifs, anxieux, ou par la consommation de substances psychoactives, influencés ou non par l’utilisation des réseaux sociaux.

Enfin, les règles parentales strictes qui consistent à interdire les écrans une heure avant le coucher et dans la chambre à l’heure du coucher, sont associées à une moindre utilisation des réseaux sociaux, à moins d’utilisation problématique, à un coucher plus tôt et à une meilleure qualité de sommeil. Chez les adolescents ayant une utilisation plus problématique des réseaux sociaux, les règles parentales n’impactent pas suffisamment la qualité du sommeil ; celle-ci étant potentiellement plus impactée par le stress fréquemment ressenti chez ces utilisateurs problématiques.

Les auteurs concluent ainsi sur l’efficacité de règles parentales strictes sur la promotion de la santé des adolescents, plus spécifiquement de ceux présentant des scores faibles d’utilisation problématique. Cette étude met en lumière l’efficacité d’une approche parentale préventive, basée sur deux règles, pour prévenir le développement de symptomatologies liées à l’utilisation des réseaux sociaux.

 

Source : van den Eijnden, R.J.J.M. et al. (2020). Social media use and adolescents’ sleep: A longitudinal study on the protective role of parental rules regarding Internet use before sleep. IJERPH.

Par Stéphanie Laconi 

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