
A l’heure où le narcotrafic fait beaucoup parler de lui, tant sa charge criminelle pèse désormais sur un certain nombre de villes françaises, il est temps de prendre le recul historique nécessaire pour comprendre les tenants et les aboutissements d’un business qui engendre effectivement beaucoup de violence.
Cette violence est inhérente au fonctionnement systémique d’un marché clandestin inévitablement débridé et décomplexé, où la loi du plus fort sait s’imposer et régner en maître…
Si le titre de cet ouvrage associe Mafias et pouvoir c’est qu’il est difficile, non seulement de passer à côté de l’impact de la puissance des organisations criminelles sur les politiques étatiques, mais aussi parce que certains états ne peuvent plus cacher leurs accointances, passées ou présentes, avec ces mêmes organisations. L
e récit historique que l’on nous propose ici se concentre sur les mafias italiennes puisque ce terme de “mafia“ est naturellement associé historiquement à l’Italie, quand le mot “cartel“, par exemple, l’est à la Colombie ou au Mexique. Mais chaque mafia a son mode de fonctionnement et de gouvernance propre. La camorra n’est pas la Cosa Nostra, qui n’est pas la Ndrangheta… Et l’Italie n’est pas la France. Naples n’est pas Marseille… Une chose est sûre cependant, c’est que chacune des narco-organisations tentent de tirer la couverture à soi dans un marché globalisé où l’on est prêt à laisser de la place que si on arrive à nous la prendre. Et tous les moyens les plus judicieux et fallacieux sont les bienvenus…
Tous les trafics de drogues, quel que soit le produit, ont eu affaire, dans une plus ou moins grande mesure, avec les mafias. Les parrains italiens ont su, par exemple, s’appuyer sur la French Connection et ses trafics d’héroïne pour prendre leur part du gâteau.
Ils ont aussi fait affaire avec les cartels colombiens et servi de partenaires locaux pour le marché européen de la cocaïne… L’essai ne se focalise pas sur les seuls trafics de stupéfiants, même s’ils représentent un chiffre d’affaire substantiel. Trois parties nous sont proposées : celle qui concerne la naissance de “la puissance mafieuse“; celle qui traite des “occasions perdues de l’Etat-providence“; et celle enfin qui nous embarque dans une “mondialisation heureuse, avec le triomphe de l’esprit prédateur“.
Sacré programme, avec cette volonté de l’auteur de « reconstituer une histoire politique des logiques mafieuses », la question mafieuse étant devenue, dans certains pays, « une part essentielle de l’histoire du pouvoir » nous explique Jacques de Saint Victor…