Mortalité et facteurs de mortalité à la sortie de prison : une étude prospective australienne avec 5 ans de suivi post-incarcération,

On le sait, la sortie d’incarcération est un moment sensible sur le plan addictologique, et d’une manière plus globale sur le plan médical. Cette étude australienne le confirme de manière éclatante.

On le sait, la sortie d’incarcération est un moment sensible sur le plan addictologique, et d’une manière plus globale sur le plan médical. Cette étude australienne le confirme de manière éclatante. Les auteurs ont recruté des sujets dans les six semaines avant sortie d’incarcération, et les ont suivis pendant cinq ans en moyenne après cela.

L’étude constate que le risque de mortalité de cette population dans les cinq ans qui suivent la sortie de prison est quatre fois supérieur à celui de sujets du même âge et de même sexe issus de la population générale. Le risque de décès en lien avec des substances psychoactives, overdoses incluses bien sûr, a été retrouvé 32 fois supérieur à une population appariée sur âge et sexe. Les facteurs de risque de mortalité, chez les sortants de prison, et après appariement par âge, sexe, et ethnicité, étaient le fait d’avoir des ressources financières plus élevées à la sortie (3 fois plus de risque de décès), un état mental altéré (2,5 fois plus de risque de décès), et des antécédents vie-entière d’overdose (2,5 fois plus de risque de décès).

L’étude confirme donc à large échelle le risque élevé de mortalité à la sortie de prison, et plus spécifiquement illustre à quel point ce risque est en lien avec l’usage de substances. La question est de savoir dans quelle mesure les résultats de cette étude australienne sont applicables à la France, où a priori aucune étude de ce niveau n’a jamais été réalisée. En réalité, la pauvreté de l’accompagnement psychosocial en détention et surtout au décours, les problèmes ubiquitaires de relais de prises en charge addictologique entre détention et post-détention, les problèmes de surpopulation carcérale et l’hypocrisie du système de détention où les substances circulent sous le manteau souvent pour un souhait de paix sociale à l’intérieur des prisons, sont autant de facteurs pour supposer que les indicateurs de mortalité post-détention en France sont au moins équivalents à ceux constatés en Australie.

 

Par Benjamin Rolland

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