Entré dans les addictions à l’âge de 16 ans par le tabac, Stéphane* a rapidement élargi, souvent avec excès, l’éventail de ses expérimentations. Alcool, cocaïne, cannabis, ecstasy et LSD : les drogues ont émaillé le parcours de sa courte vie, brisée à nouveau par un cancer détecté à l’âge de 25 ans. Alors qu’il appréciait jusqu’alors le cannabis pour ses propriétés récréatives, il a alors découvert ses autres vertus, médicinales.
VICE : Quand est-ce que tu as commencé à consommer de l’alcool et des drogues ?
Stéphane : Tous mes potes se sont mis à fumer des joints et des clopes dès l’âge de 14 ans.Moi j’ai commencé en 1993, à 16 ans. J’ai acheté un paquet de clopes en partie pour séduire une fille, mais je situe aussi mon entrée dans la consommation dans un contexte de conflit avec mes parents. Dès que j’ai commencé à fumer du cannabis, j’ai eu l’impression de mieux gérer mes émotions avec eux. Mes relations se sont pacifiées.
Seulement, à l’époque pour trouver de la fumette, il fallait avoir de mauvaises fréquentations. Un jour, vers 17-18 ans, mon dealer était en rade de shit donc il m’a filé gratuitement des acides [du LSD, N.D.L.R.], que j’ai testés pour la première fois avec mes potes. J’ai pris ça de manière anodine car c’était la mode des raves et ça se banalisait. Dès lors, pendant trois ou quatre ans, j’ai régulièrement expérimenté le LSD, l’ecstasy, le cannabis, le tabac et l’alcool.
Ta consommation a-t-elle évolué par la suite ?
Vers 21 ou 22 ans, en 1998-1999, alors que j’avais commencé à bosser dans une entreprise de produits pharmaceutiques – j’ai une licence de chimie –, j’ai arrêté le LSD et l’ecstasy. L’alcool a en partie pris le relais. Et c’est au même moment que j’ai rencontré la cocaïne. Je pouvais m’en procurer d’autant plus facilement qu’à l’époque j’avais de bons revenus. Et l’un des problèmes de la coke, c’est qu’elle pousse à la consommation d’autres drogues en abus. Quand on en prend, il faut ingérer plus d’alcool pour atteindre l’ivresse. Et pour pouvoir redescendre, quand je me sentais trop speed, je finissais par fumer des joints. Puis je suis tombé malade.
Tu as eu un cancer à l’âge de 25 ans. Comment l’as-tu découvert – et vécu ?
Au mois de décembre 2001, dans le cadre de mes contrôles médicaux routiniers au travail, j’ai fait une prise de sang dont les résultats se sont révélés anormaux. Quelques jours plus tard, alors que je fais un accès de fièvre à 42, j’ai consulté un médecin de garde. Il m’a annoncé que j’avais soit une hépatite C, soit une leucémie. Deux jours après, le verdict tombait : j’étais atteint d’une leucémie aiguë. Ironie du sort, je travaillais alors à la fabrication d’un médicament pour la circulation du sang.
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