Tabac – Que penser du traitement par laser pour le sevrage tabagique ?

Résumé  de l’article de G. Peiffer, M. Underner et J. Perriot dans le « Courrier des Addictions » , Janvier- Mars 2022 (https://www.edimark.fr/courrier-addictions)

Parmi les approches non médicamenteuses du sevrage tabagique, la thérapie par laser fait partie des aides en vogue. À ce jour, dans les rares études randomisées disponibles, on ne retrouve pas d’effet significatif du traitement par laser comparé au laser factice, pour l’arrêt du tabac. Des travaux complémentaires, bénéficiant d’une méthodologie rigoureuse, apparaissent indispensables.

Dans le rapport de la HAS de 2014, “Arrêt de la consommation de tabac” [9], à propos du traitement par laser, il est indiqué qu’“il n’existe pas de comparaison de la thérapie par laser, avec d’autres types d’intervention ou versus l’absence d’intervention” ; il est précisé qu’aucune méta-ana-lyse n’est possible du fait de l’hétérogénéité des études. La HAS conclut : “Il n’y a pas de preuve solide que… la thérapie par laser [soit] efficace pour l’arrêt du tabagisme”, mais le manque de preuves et les problèmes méthodologiques signifient que des conclusions définitives ne peuvent être posées. “Une recherche bien menée sur… la thérapie par laser est justifiée”.

Depuis 2014, nous n’avons retrouvé que 2 articles avec randomisation groupe laser versus groupe non-laser, publiés dans des revues confidentielles. Mais dans ces 2 études, issues de la même équipe, aucune information n’est donnée concernant les taux d’abstinence tabagique, selon les sous-groupes avec ou sans thérapie laser.

En 2020, Lhommeau et al, faisant le point sur l’arrêt de la consommation tabagique et l’effet de l’acupuncture et ses dérivés, ne retrouvent aucune évaluation clinique contributive pour le traitement par laser dans le cadre de l’aide à l’arrêt du tabac.

En raison de fréquents échecs du sevrage tabagique (ST), il n’est pas étonnant que, parmi d’autres possibilités, la thérapie par laser, ne nécessitant pas d’effort, puisse tenter le fumeur. L’effort est-il toujours nécessaire ? Quand on connaît les difficultés que doivent consentir les fumeurs, victimes d’une forte addiction, pour tenter de résister à leur craving, on peut comprendre leur épuisement et le recours à ces “solutions”.

Les résultats des rares études disponibles doivent être interprétés avec prudence en raison de fréquents biais méthodologiques (comme l’absence de groupe témoin, de validation biochimique du sevrage, de résultats des taux de sevrage tabagique.

Il faut également se poser la question de l’effet placebo.

Incontestablement, certains fumeurs parviennent à se libérer de leur dépendance grâce à cette technique. Cet effet placebo est estimé par F. Turcotte (université Laval – Canada) à environ 30 % de l’efficacité du laser. Peut-être existent-ils certains phénotypes de fumeurs qui répondent bien à ce type de traitement (effet calmant, amélioration de la sensation de bien-être) ?

Par ailleurs, l’argent dépensé par les patients (en moyenne selon les sites, autour de 150 à 190 €, voire jusqu’à 250 €) pourrait-il influencer les taux de succès, surtout à court terme ? La plupart des sites indiquent des taux de succès avec le laser anti-tabac autour de 75 à 90 %, ce qui nous semble très optimiste!

Le recours au traitement par laser pour le sevrage tabagique, en première ligne ou en cas d’échec du sevrage tabagique des traitements validés, pourrait s’expliquer par plusieurs motifs : une logique pragmatique (les fumeurs se tourneraient vers d’autres pratiques), une aide “symbolique” qui permettrait au patient de donner du sens à sa dépendance, voire une composante idéologique, avec contestation de la médecine conventionnelle et besoin de singularisation.

Comment réagir vis-à-vis des compagnies et sites Internet assurant la promotion du laser anti-tabac ? Un groupe d’experts avait adressé en 2006 une lettre à la Food and Drug Administration (FDA) afin d’empêcher les différentes entreprises de promouvoir cette thérapie au laser à faible puissance dans l’indication du sevrage tabagique.

En conclusion, à l’inverse des aides validées bien connues (substituts nicotiniques, varénicline, thérapies cognitivocomportementales), les études ne retrouvent pas à ce jour d’effet significatif du traitement par laser, comparé au laser factice (“sham laser”), pour l’arrêt du tabac. Il serait donc préférable que le fumeur consulte un professionnel de la santé, afin de recevoir le meilleur traitement validé possible et puisse bénéficier d’un suivi optimal.

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