Les consommations de tabac et de cannabis exposent à des effets délétères sur le plan cognitif, physique (mortalité, comorbidités médicales générales) et psychologique. Néanmoins, nous ne savons pas encore si ces effets persistent ou disparaissent après un court sevrage chez des personnes ayant consommé ces substances sur le long cours.
Dans cette étude australienne, qui a inclus des consommateurs anciens de cannabis et de tabac (moyennes respectives de 32 et 37 ans d’usage de substance, avec un début des consommations vers l’âge de 20-25 ans), ces chercheurs ont voulu évaluer les effets à court terme d’une abstinence de ces substances, en comparant ces personnes à la population générale après réalisation d’un court sevrage. Ils ont ainsi effectué pour plusieurs mesures après sevrage : capacités cognitives (mémoire, apprentissage, attention, capacité à inhiber son comportement, capacité à contrôler son comportement) et la santé physique et psychologique.
Ils ont ainsi démontré qu’en dépit d’un court sevrage, il persistait chez les consommateurs de cannabis des altérations de plusieurs fonctions cognitives, notamment de plus grandes difficultés d’apprentissage et de mémoire, tandis que les consommateurs de tabac rapportaient une plus grande fréquence de problèmes de santé mentale (stress, anxiété) et physique que les consommateurs de cannabis et que la population générale.
Ce travail souligne la persistance de certaines difficultés après sevrage chez les personnes ayant consommé du cannabis et du tabac sur le long terme, avec des différences selon les substances : plus grande fréquence des troubles cognitifs chez les consommateurs de cannabis, plus grande fréquence des problèmes physique et de santé mentale chez les consommateurs de tabac. Ces résultats ouvrent notamment la voie à des prises en charge des troubles cognitifs chez les anciens consommateurs de cannabis (de type remédiation cognitive) et des troubles psychiatriques chez les anciens consommateurs de tabac.