Santé publique France et le JIM font le point sur ce qu'il faut savoir sur le cannabis

Cannabis
La question de l’évaluation des risques liés à la consommation de cannabis est très liée aux causes et aux conditions de cette consommation. Or, les contextes peuvent être très variés, y compris pour un même individu : le recours au cannabis peut s’inscrire dans un cadre récréatif ou être envisagé comme une « béquille », voire comme un médicament. Par ailleurs, la description des effets du cannabis nécessite également de pouvoir s’appuyer sur une vision globale, même si schématique, du système endocannabinoïde. Ce système est notamment composé de récepteurs, dont les deux principaux sont CB1 et CB2. Les récepteurs CB1 sont présents dans le système nerveux central et les tissus périphériques, tandis que les CB2 paraissent restreints aux cellules du système immunitaire. Ceci explique que CB1 soit plutôt impliqué dans les effets psychotropes des cannabinoïdes et CB2 dans leurs effets immunomodulateurs. (1)

Les deux principaux composants du cannabis, le Δ9-tetrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD) ont des interactions différentes avec le système endocannabinoïde, avec par conséquent des effets également différents. Le THC agit comme un agoniste des récepteurs cannabinoïdes de type 1, présents en grande quantité dans de nombreux circuits cérébraux. La consommation de THC entraîne des effets euphorisants, une désinhibition et un sentiment de bien-être.
Le CBD en revanche a une faible affinité pour les récepteurs cannabinoïdes de type 1 mais exerce une action complexe à l’intérieur et au-delà du système cannabinoïde. Il possède des propriétés anxiolytiques, relaxantes ou sédatives, mais pas de pouvoir addictogène.

Des avancées importantes ont été réalisées dans la connaissance des principes actifs du cannabis et dans celle du système endocannabinoïde. En revanche, les données épidémiologiques sur les effets associés au cannabis restent limitées. Les études se heurtent à des difficultés méthodologiques et il reste parfois difficile d’affirmer qu’un problème de santé est la conséquence de l’usage du cannabis ou s’il précédait cet usage.

De nombreux experts se sont penchés sur ces difficultés et ont émis des recommandations. Alors que dans les pays industrialisés, notamment, des données de plus en plus précises existent concernant la prévalence de consommation (comme en France à travers le Baromètre santé de Santé publique France), de nouvelles priorités s’imposent. Ainsi, un rapport publié en 2016 par l’Organisation mondiale de la santé invitait notamment à s’intéresser à la question de l’évolution des teneurs en THC des produits consommés et des liens éventuels entre dose de THC et les effets observés. Les auteurs du rapport insistaient également sur l’importance de pouvoir mieux déterminer la réversibilité des dommages sanitaires liés au cannabis. Ils espéraient beaucoup des résultats d’études longitudinales, s’appuyant sur la biologie et l’imagerie médicale. Enfin, les experts énuméraient les domaines de recherches à prioriser pour davantage documenter les liens de causalité et les conséquences sanitaires et sociales de l’usage de cannabis notamment sur les accidents coronariens et neurovasculaires,  la grossesse et la fertilité, certains types de cancer, les troubles mentaux (psychoses et en particulier schizophrénie, dépression majeure et troubles bipolaires), troubles anxieux et enfin sur les idées suicidaires.  (2 et 3). 

Lire l’article sur le site du JIM