Symptômes psychopathologiques associés à l'usage de cannabinoïdes synthétiques : une comparaison avec le cannabis naturel

Cannabis

Les cannabinoïdes de synthèse sont une classe de nouvelles substances psychoactives qui ont évolué rapidement dans le monde entier au cours de ces dernières années. Sur le plan pharmacologique, il s’agit de puissants agonistes des récepteurs cannabinoïdes, souvent synthétisés dans des laboratoires clandestins en Chine, avec une affinité pour les récepteurs beaucoup plus élevée et des effets psychoactifs plus intenses que le THC, qui est un agoniste partiel de ces récepteurs. La puissance relativement élevée par rapport au cannabis naturel, l’augmentation de la prévalence de la consommation de cannabinoïdes de synthèse et la méconnaissance de leurs effets ont entraîné une augmentation du nombre de cas d’intoxication aiguë dans le monde. Cependant, peu d’études sont encore disponibles à l’heure actuelle concernant l’effet de ces substances sur la santé.

Dans ce contexte, des chercheurs ont comparé les symptômes psychopathologiques cliniques et subcliniques associés à la consommation de cannabinoïdes de synthèse et de cannabis naturel. Pour cela, un échantillon de 367 sujets (238 usagers de cannabinoïdes de synthèse et 129 usagers de cannabis naturel) a été recruté en ligne. Ces usagers ont répondu à quatre questionnaires psychométriques validés : le Drug Use Disorders Identification Test (DUDIT), l’Insomnia Severity Index (ISI), l’Altman Mania Scale (Altman) et le Brief Symptom Inventory (BSI).

Au sein de l’échantillon évalué, le groupe d’usager de cannabinoïdes de synthèse ne différait pas en âge du groupe d’usager de cannabis naturel (27,7 ans), mais comptait moins de femmes (21% et 30%, respectivement). Les auteurs ont retrouvé que les usagers de cannabis de synthèse avaient des scores plus élevés aux échelles que les usagers de cannabis naturel sur toutes les mesures psychométriques utilisées, indiquant une plus grande probabilité de trouble d’usage de substance, de troubles du sommeil, de symptômes (hypo)maniaques, ainsi qu’une surreprésentation des neuf dimensions inclues dans le BSI telles que la somatisation, le comportement obsessionnel-compulsif, la sensibilité interpersonnelle, la dépression, la peur, l’hostilité, le trouble phobique, les idées paranoïdes et le psychoticisme. Les odds-ratio (IC à 95 %) pour le groupe d’usager de cannabinoïdes de synthèse par rapport au groupe d’usagers de cannabis naturel étaient respectivement de 3,56 (1,77-7,16) pour le trouble d’usage de substance, de 5,01 (2,10-11,92) pour l’insomnie (grave), de 5,18 (2,04-13,14) pour l'(hypo-) manie et de 5,21 (2,96-9,17) pour la psychopathologie évaluée dans le BSI.

Cette étude montre ainsi qu’il existe d’importants problèmes de santé mentale dans la population d’usagers de cannabinoïdes de synthèse avec un risque jusqu’à cinq fois plus élevé que lors de l’usage de cannabis naturel.

Par Louise Carton

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