CANNABIS / Un essai de phase 1 évaluant les effets neurocognitifs d’une prise de cannabinoïdes de synthèse

Une grande partie des connaissances actuelles est fondée sur des cas cliniques ou des données d'hospitalisation, indiquant que ses effets sont similaires mais plus forts que ceux du cannabis, cette piste est à approfondir.

Cannabis

Les cannabinoïdes de synthèse (souvent vendus sous le nom de Spice ou K2) sont devenus une alternative très populaire au cannabis en raison de leur accès facile et de leurs effets psychoactifs. Cependant, des études contrôlées sur les effets comportementaux des cannabinoïdes de synthèse font actuellement défaut. En effet, une grande partie des connaissances actuelles est fondée sur des cas cliniques ou des données d’hospitalisation, indiquant que ses effets sont similaires mais plus forts que ceux du cannabis.

Dans ce contexte, les auteurs ont réalisé le premier essai clinique contrôlé évaluant l’influence d’un cannabinoïde de synthèse, le JWH-018, sur la neurocognition et l’expérience subjective. Ce produit a donc été administré, par inhalation, aux doses de 2 et 3mg, à 6 volontaires sains, usagers occasionnels de cannabis, dans le cadre d’une étude en  cross-over contrôlée contre placebo suivant un schéma posologique croissant. Les participants étaient surveillés pendant 12 heures après l’administration du produit, et plusieurs mesures neurocognitives et questionnaires subjectifs étaient réalisés.

Les auteurs ont retrouvé que les concentrations sériques de JWH-018 étaient les plus élevées après la dose de 2 mg, mais globalement faibles après l’administration des deux doses. Les deux doses de JWH-018 ont été bien tolérées et aucun effet indésirable grave n’a été signalé. Les participants ont déclaré qu’ils se sentaient plus « up » 1 et 2 heures après l’administration, surtout après la dose de 2 mg. Des troubles du comportement sont également apparus malgré les faibles concentrations sériques de JWH-018. La plus petite dose de JWH-018 altérait les performances cognitives des tests suivants : critical tracking task (CTT, évaluant la distraction), divided attention task (DAT, évaluant la capacité à diviser son attention entre deux tâches réalisées de manière simultanée) et le stop signal test (STT, évaluant l’impulsivité).

Malgré les faibles taux de JWH-018 dans le sérum, cette étude a mis en évidence une altération des fonctions neurocognitives et le sentiment d’être « up ». Cependant,  des doses plus élevées sont nécessaires pour obtenir un profil de risque plus représentatif du JWH-018. Cette étude montre également qu’il est possible de mener des études contrôlées sur les nouveaux produits de synthèse chez l’Homme et que ces études peuvent être menées en toute sécurité en phase 1.

Par Louise Carton

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