Gestion des overdoses : utilisation et perceptions de l’hospitalisation forcée au sein des équipes de professionnels de santé dans le Massachusetts aux États-Unis

Une étude à méthodes mixtes parue dans la revue "Addiction".

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Utilisation perceptions Involuntary Civil Commitment parmi équipes gèrent overdoses Massachusetts Etats-Unis

Le « Involuntary civil commitment » (ICC) est une procédure légale par laquelle les personnes sont admises de manière forcée pour un traitement de leur addiction aux substances. Cette étude a exploré les points de vue et la promotion des procédures d’ICC pour les troubles liés à la consommation de substances auprès des équipes impliquées dans la gestion des overdoses dans le Massachusetts, aux États-Unis.

Dans cette étude à méthodes mixtes, des données d’enquête ont été recueillies auprès des programmes de sensibilisation post-overdose en 2019, et des entretiens semi-structurés ont été menés avec des membres de l’équipe de sensibilisation en 2019 et 2020. Au total, 138 réponses d’équipes à l’enquête ont été reçues et les auteurs ont mené 38 entretiens avec des membres d’équipes impliquées dans la gestion médicale, administrative ou judiciaire après une overdose (agents d’application de la loi, accompagnateurs de rétablissement, travailleurs sociaux et spécialistes de la réduction des risques) qui étaient majoritairement des hommes (57 %) et des blancs (66 %). Des entretiens semi-structurés ont permis d’explorer les perceptions du personnel sur l’efficacité de l’ICC.

Résultats :

Parmi les 138 équipes, 36 % (n = 50) ont abordé la question de l’ICC lors de 50 % ou plus des rencontres de sensibilisation. Le fait d’évoquer l’ICC lors des interventions était positivement associé au fait de conceptualiser le soin autour de l’abstinence exclusivement (36 % v. 6 %, P < 0.001) et à travailler plus ou moins directement avec les tribunaux (60 % v. 30 %, P < 0.001). Considérer la mise en place d’ICC était négativement associé à la distribution de naloxone (48 % v. 75 %, P < 0.001) et à la référence aux programmes de services d’échange ou de distribution de seringues (26 % v. 65 %, P < 0.001).

Les entretiens qualitatifs ont permis d’identifier trois thèmes :

1) certaines équipes considèrent l’ICC comme un outil de première ligne pour engager les rescapés d’une overdose dans des soins ;

2) d’autres programmes considèrent l’ICC comme un dernier recours, sceptiques quant à ses avantages et préoccupés par les dommages potentiels ;

3) les familles initient souvent des discussions sur l’ICC, apparemment en désespoir de cause.

Conclusion :

La promotion des mesures de soins forcés au Massachusetts semble varier considérablement d’une équipe à l’autre, avec des approches allant du réflexe systématique à l’outil de dernier recours. L’intérêt des familles pour l’ICC semble être motivé par l’insuffisance de l’offre de traitements et d’autres services.

Lien vers l’article original : Revue Addictions
 

Par Benjamin Rolland