Documentaire / I’m gone a film about Amy Un film de Geneviève Philippon et Julie Bourdonnais

 

Le site Mediapart propose, en partenariat avec le site tënk de vidéos documentaires, la possibilité de visionner un film de 2015 des réalisatrices canadiennes Geneviève Philippon et Julie Bourbonnais, film titré “I’m gone : a film about Amy“. Ce documentaire accompagne essentiellement Amy, la chanteuse quinquagénaire du groupe de country music No Familly, lors de l’enregistrement de leur nouvel album à Bell Island dans la campagne de Nouvelle-Ecosse. Tout se passe dans ce havre de paix et de tranquillité où tout s’apparente à une vie de famille entre membres d’un groupe qui semblent connaître par cœur les forces et les faiblesses de chacun. Cette petite communauté est composée d’Amy donc, de John son ex-mari et père de ses trois enfants, réalisateur de l’album, de Aaron son nouveau compagnon, artiste peintre d’une trentaine d’années, et enfin de Garrett son gendre musicien de banjo. Amy, Aaron et Garrett sont tous les trois “ex-addicts“. Ce bout de vie est donc proposé dans une période de sevrage. Leur addiction semble être mise de côté depuis quelques mois.

Amy nous la raconte avec beaucoup de recul, mais aussi de regrets.

Elle nous raconte ce parcours de vie qui l’a conduite à la consommation d’héroïne après un usage de pain killers, ces opiacés synthétiques, prescrits à son ex-mari après une blessure de basket, et qui font tant de dégâts aux Etats-Unis en ce moment. Amy raconte le jour où elle a décidé d’expérimenter, sur les conseils d’une de ses amies, le Dilaudid prescrit à John. L’expérience se révélant plus que satisfaisante, Amy finit un peu plus tard par s’essayer à l’héroïne. La sensation qu’elle décrit est celle d’avoir trouvé à l’époque le produit qui comble tous les vides. L’héroïne la mettait dans un état qu’elle ne pensait pas pouvoir atteindre seule sans ça. “Le sentiment d’apaisement est total, le temps s’arrête, les angoisses disparaissent… Le produit ne peut être si mauvais puisque les sensations sont si bonnes.“ Elle précise que sa consommation a commencé tard, à trente six ans, à l’âge où elle était déjà totalement capable de gérer sa vie avec son mari et ses trois enfants. La suite du parcours va se compliquer au fur et à mesure que l’addiction va s’installer et que les limites de consommation qu’elle se pose sont toutes dépassées. L’héroïne était encore sniffée à cette période-là. Le passage à l’injection s’est fait pour des raisons économiques : moins de produit pour plus de sensations. La prise devient quotidienne, et toute sa vie se centre alors sur la quête de la substance jusqu’à soulagement du manque. Amy nous explique ses périodes successives de sevrage et de rechutes, toutes ses “heures sombres“, et l’impact de son usage sur sa vie sentimentale et familiale…

La chanteuse fait la différence entre une “ex-addict“ et quelqu’un, comme son ex-mari, qui n’a jamais été addict. Elle met en balance la peur de l’inconnu pour l’une, avec le désir de s’accrocher à ce qu’on aime, et pour l’autre une confiance presque aveugle dans l’avenir, avec l’excitation de nouvelles expériences de vie et de nouvelles rencontres.

Ce film reste l’histoire d’une réparation des corps, des cœurs et des âmes. Amy et ses compagnons se racontent sur fond de musique country bien présente, sombre mais apaisante, qui accompagne le documentaire tout du long et laisse penser que ces quelques jours d’enregistrement ont enfin l’air d’un long fleuve tranquille…

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