Récit / El Chapo la traque Un récit de Andrew Hogan et Douglas Century

 

Raconter la traque d’un des plus puissants narcotrafiquants, ce n’est pas de tout repos, surtout quand elle s’étale sur plusieurs années. L’agent Andrew Hogan, ancien agent de la DEA (Drug Enforcement Administration) s’est livré au journaliste Douglas Century qui a retranscrit ici, à la première personne, le récit d’une chasse à l’homme, celle du fameux Joaquin Archivaldo Guzman-Loera, dit “El Chapo“ à cause de sa petite taille. Le grand chef du cartel mexicain du Sinaloa, s’est échappé pour la première fois en 2001 d’une prison de haute sécurité, dans une panière à linge semble-t-il, fut capturé en 2014, puis échappé à nouveau en juillet 2015, cette fois-ci par un tunnel de plus d’un kilomètre qui reliait sa cellule à un baraquement au milieu d’un champ.

Le récit est linéaire et s’étale entre 2009 et 2016, période pendant laquelle Andrew Hogan et ses collègues de la DEA, avec l’aide des forces spéciales mexicaines, ont mis tout en œuvre pour qu’El Chapo soit capturé et placé en détention. L’agent raconte comment son parcours professionnel au sein de la brigade des stups a croisé la route d’El Chapo, avec cette mission qu’il a prise comme un défit, celui de mettre la main au plus vite sur le trafiquant et criminel déclaré ennemie public numéro un de chaque côté de la frontière. Le récit se lit comme un récit de passion obsessionnelle, probablement un peu dramatisé par l’écriture journalistique de Douglas Century. Andrew Hogan reprend la quête à son commencement. Il essaie de rassembler tous les éléments éparpillés dans différents services et tente de coordonner l’enquête. Son travail, celui de son équipe et des forces spéciales mexicaines, repose sur le décorticage de la moindre information, l’écoute téléphonique et surtout l’infiltration. « Au bureau, à l’ambassade, je pouvais passer des heures à trier les infos dont on disposait sur Guzman et à éplucher tous les vieux dossiers… … J’accordais la même valeur à chaque indice, qu’il s’agisse d’apprendre le surnom d’un complice ou l’identité du propriétaire d’un téléphone trouvé sur place. Chaque fois que je dénichais quelque chose, ça me faisait comme un pic d’adrénaline. Tout explorer. Tout explorer. Tout explorer. »

Ce travail de fourmi, souvent laborieux, qui demande patiente et persévérance, le tiendra plusieurs années, et ne sera pas vain puisque qu’il ménera à l’arrestation du narcotrafiquant en février 2014. Moins de neuf mois après, l’agent démissionne de la DEA avant d’apprendre, quelques mois plus tard, qu’El Chapo s’est à nouveau échappé, cette fois pour quelques mois uniquement.

Suite à sa dernière arrestation, en 2015, tout fut mis en œuvre pour extrader l’homme vers les Etats-Unis, ce qui fut fait en janvier 2017. Joaquin Guzman attend son procès, dans une prison de haute sécurité américaine, où il est plus difficile de soudoyer les gardiens que dans son propre pays. Le procès de devrait se tenir cet été. Gageons qu’il fera la une des journaux dans de nombreux pays. On n’a pas fini d’écrire sur El Chapo… Suite à la série télévisée diffusée par Netflix, et qui en est à deux saisons, gageons que le grand écran saura mettre en image le parcours d’un homme qui a toujours eu l’envie qu’on parle de lui…