Récit / “Mariane, la soeur du dealer“ de Maliya Allie

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Cet ouvrage, publié en auto-édition, est celui d’une jeune femme de trente et un ans qui ne veut pas que les délits pénaux commis pas son petit frère, accusé de trafic de stupéfiants, ne retombent sur l’ensemble de sa famille, punie par la justice suite à la plainte de leur bailleur, l’office HLM, et sommée de quitter leur appartement pour « trouble de jouissance », incluant des dommages collatéraux liés au trafic, à savoir les dégradations ou tapages. « Marianne, c’est le surnom que j’ai choisi de porter dans le cadre des faits qui seront décrits dans ce témoignage. Tentant désespérément de défendre les valeurs fondamentales de la République, je vais ainsi vous raconter, sans détour, comment “la soeur du dealer“ a dû faire face, malgré elle, à cette injustice qui a défrayé la chronique. »

La jeune femme considère que sa famille, bien intégrée, composée de neuf enfants poursuivant tous des études et de parents qui travaillent, ne doit pas avoir à souffrir plus de la faute d’un de ses membres. Ce récit à la première personne était une nécessité pour celle qui a lutté, et lutte encore, pour que sa famille récupère ses droits de locataire.

Tout commence en juin 2009 quand la police fait irruption au petit matin dans l’appartement familial pour embarquer ses trois frères, âgés à l’époque de 18, 20 et 22 ans. D’autres fils de famille furent arrêtés la même nuit dans la Cité du square de l’Avre et des Moulineaux à Boulogne Billancourt. En mai 2010, Issa, un des trois frères, fut condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, pour trafic de stupéfiants. Après une série de décisions judiciaires dans un sens ou dans l’autre, en faveur ou contre la défense, c’est une dernière décision de la Cour d’appel de Versailles en date du 11 septembre 2012 qui ordonna l’expulsion des familles concernées. Une campagne de signature de pétitions dans la cité, des prises de parole en public ou dans les médias, ainsi que des envoies de courriers (ou plutôt dossiers) adressés à des élus et des ministres, furent les différentes armes engagées dans le combat au jour le jour d’une jeune femme et de proches ou moins proches qui ont tout fait pour que cette famille ne soit pas effectivement expulsée deux ans jour pour jour après la décision de justice, à savoir le 11 septembre 2014. Toutes ces actions ne furent pas vaines puisqu’elles permirent dans les derniers instants d’éviter l’expulsion par décision du préfet de la suspendre mais, malheureusement, sans que la décision de justice ne soit remise en cause. En conséquence, depuis cette date de septembre 2014, la famille (dont beaucoup d’enfants ont à ce jour trouvé à se loger ailleurs) habite toujours dans la cité, mais sans bail et donc sans droit associé. Elle cherche à se reloger ailleurs, mais toute cette affaire n’a fait malheureusement que jeter le discrédit sur une famille qui ne demande qu’à suivre son chemin sans faire d’histoire…

Ce récit raconte la lutte qui fut celle d’une famille nombreuse d’origine africaine qui n’a jamais voulu vivre à la marge de la société française, bien au contraire. Une famille “sans histoire“ défendue par un entourage de vie qui, contrairement aux pouvoirs publics, ne fait pas d’amalgame entre un jeune homme confronté à des problèmes la délinquance qu’il ne s’agit pas dans le récit de Mariane de minimiser, et une famille dans sa totalité n’ayant aucune responsabilité dans ces actes délictuels. Sans mettre sous le tapis les problèmes de vie en communauté liés aux trafics de stupéfiants en “cités“, comment peut-on imaginer que fragiliser une famille peut être constructif pour son avenir ou simplement servir d’exemple ?

Pour arranger le tout, Le 24 novembre 2016, l’Assemblée nationale a voté l’amendement 666-2, annonçant que le bail d’un locataire est rompu à la demande du bailleur lorsque le locataire ou l’un des occupants du logement a été condamné pour achat, usage, trafic ou vente de drogue…

Ce récit restera alors aussi celui qu’une enfant des cités qui souhaiterait que les idées reçues, les a prori, les amalgames et les stigmatisations qui en découlent ne faussent pas le jugement de ceux qui se laissent aveugler par les représentations erronées concernant les populations des “grands ensembles“.

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