Récit / “Si fragile“ de Fiona Gélin

 

“Si fragile“, cette actrice au chômage, qui ne travaille plus depuis quatre ans, vit chichement avec 482 euros par mois, et a dû faire le deuil du désir qu’elle suscitait au cinéma dans les années 80, mais aussi et surtout de tous les gens de son entourage plus ou moins proches qui ont disparus. Fiona Gélin raconte avec pudeur et nostalgie son parcours de vie avec beaucoup de sincérité et de cœur et le naturel qui l’a toujours caractérisée. Le récit est surtout celui d’une jeune fille devenue femme sous le regard des hommes, amis ou partenaire de jeu, qui l’ont désirée et/ou pris sous leur aile dans un milieu qui semble-t-il laissait peu de place à la naïveté. Difficile alors de ne pas rentrer en empathie avec cette femme qui s’est laissée aller à vivre simplement sans retenue, en essayant de mettre de côté ses peines de cœur ou professionnelles en buvant “plus que de raison“ dirait-on.

Tout se vit chez Fiona Gélin avec passion, alors pas question de passer à côté des amours qui se présentent et des psychotropes qui accompagnent souvent ses rencontres. “Moi, ma came, c’est les tordus. J’aime les bad boys, ils me font mal, alors je bois…“. Célibataire, au moment de l’écriture du livre du moins, elle s’accroche désormais à son fils Milan et sa petite fille Ghjuilia pour lesquels elle a décidé d’arrêter de boire. “J’aime la vie, mon fils, ma petite-fille. Et j’arrête. J’arrête parce que j’ai tellement honte, j’arrête parce que tout Paris le sait.“

Et s’il faut attendre quasiment les derniers chapitres du récit pour que la thématique de l’alcoolo-dépendance soit abordée frontalement, curieusement tout semble être conté dans les premiers chapitres pour nous y mener : son parcours de vie, ses rencontres comme on l’a dit mais aussi ses antécédents familiaux et les décès dans son entourage.

Elle nous raconte alors ses rapports avec “Monsieur Rhum“ comme elle appelle son alcool blanc préféré, le Negrita parce que le moins cher. Elle explique que ça a commencé quand elle avait quinze ans parce qu’elle était jolie et qu’elle ne savait pas comment gérer les regards des hommes et sa timidité. “Alors je buvais et tout devenait facile“. C’est d’avoir été victime d’une pancréatite aigüe et d’un coma éthylique qui l’ont poussée à taper à la porte de la clinique Montevideo tenue à l’époque par le professeur Lowenstein. Elle raconte avec beaucoup de reconnaissance son accueil en cure et son déroulé. C’est le Docteur Batel, dont elle parle en faisant référence à son ouvrage “Pour en finir avec l’alcoolisme“, qui prendra le relais.

Elle sortira de la clinique le 12 février 2015 “libre, totalement saine, fière d’elle et prête pour aider les amis qui traversent les mêmes tourments“.

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