CANNABIS / La connectivité fonctionnelle entre le Noyau Accumbens et le Cortex Préfrontal à 20 ans est prédictive de la trajectoire d’usage dans les deux ans qui suivent

Le Noyau Accumbens est une petite zone cérébrale située à l’extrême pointe du striatum ventral, à l’interstice entre les noyaux gris centraux impliqué dans les processus automatique, et le système limbique impliqué dans les processus émotionnels. De nombreuses études humaines ou animales ont souligné l’implication du Noyau Accumbens dans les addictions, notamment dans les processus réflexes d’anticipation de la récompense et de craving.

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Le Noyau Accumbens est une petite zone cérébrale située à l’extrême pointe du striatum ventral, à l’interstice entre les noyaux gris centraux impliqué dans les processus automatique, et le système limbique impliqué dans les processus émotionnels. De nombreuses études humaines ou animales ont souligné l’implication du Noyau Accumbens dans les addictions, notamment dans les processus réflexes d’anticipation de la récompense et de craving. Pourtant, les premiers travaux portant sur le rôle de cette zone cérébrale ont aujourd’hui plus de 20 ans, et il a souvent été reproché à cette hypothèse dite méso-cortico-limbique de n’avoir jamais vraiment eu jusqu’à présent de débouchés cliniques ou thérapeutiques concrets. Pour une synthèse de très haut niveau sur ces théories, voir l’article de David Nutt paru dans Nature Review of Neuroscience en 2015.

 

C’est peut-être le premier pas vers une utilité médicale appliquée de cette théorie qui vient d’être franchi avec la publication de l’équipe de neuropsychologie de l’université de Pittsburg, USA. Les auteurs ont constitué une cohorte de 160 sujets âgés de 20 ans à qui ils ont fait passer une IRM fonctionnelle assortie d’un interrogatoire complet sur leurs usages de substances, notamment de cannabis. Ils sont allés regarder deux ans plus tard quelle avait été la trajectoire d’usage de cannabis des sujets recrutés dans la cohorte. Ils ont retrouvé que les sujets qui avaient eu un usage croissant de cannabis présentaient une connectivité fonctionnelle réduite entre le Noyau Accumbens et le Cortex Préfrontal. Ces mêmes sujets avaient également davantage de symptômes dépressifs et un niveau d’éducation plus faible, mais ces deux dernières caractéristiques étaient déjà connues comme facteur de mauvais risque évolutif de l’usage de cannabis.

 

Est-ce que cette étude signifie que réaliser une IRM fonctionnelle chez des usagers de cannabis pourra à terme avoir une valeur prédictive sur le plan addictologique. Ce n’est pas exclu mais il faudra prendre en compte l’extrême complexité des facteurs pronostiques en addictologie. Par ailleurs, la connectivité fonctionnelle du Noyau Accumbens a été retrouvée dysfonctionnelle dans plusieurs autres troubles psychiatriques, notamment la schizophrénie et le trouble bipolaire. Cette structure est donc très probablement impliquée dans de très nombreux processus pathologiques, y compris en dehors du champ des addictions. Les voies dopaminergiques qui s’y projettent joueraient un rôle dans des fonctions cognitives beaucoup plus larges que la simple récompense, en particulier des processus de filtres attentionnels et de prise de décision immédiate ou différée. Les facteurs neurocognitifs associés avec l’évolution des troubles addictologiques semblent donc, comme les facteurs psychosociaux, être des marqueurs très généraux constituant un terreau de vulnérabilité partagée entre de nombreux troubles mentaux ou même physiques (par exemple, l’obésité), et non des biomarqueurs spécifiques de tel ou tel trouble.

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