Cannabis en automédication : un usage très fréquent en Californie

Retrouvez une étude parue dans "JAMA Network".

Cannabis
Cannabis automédication

Malgré l’évolution du statut légal du cannabis en Californie, et son impact potentiel sur la santé, peu de systèmes de soins dépistent systématiquement la consommation de cannabis, et les données épidémiologiques sont limitées, en particulier concernant la consommation à des fins médicales chez les patients en soins primaires.

Cette étude transversale a utilisé les données des dossiers de santé électroniques des patients âgés de 18 ans et plus qui ont eu une visite annuelle de bien-être entre janvier 2021 et mai 2023 dans une clinique de soins primaires au sein d’un système de santé universitaire à Los Angeles, en Californie.

Les auteurs souhaitaient décrire la prévalence, les facteurs associés et les raisons de la consommation de cannabis au cours des trois derniers mois, par les patients en soins primaires. Les facteurs d’intérêt comprenaient l’âge, la race et l’ethnicité, le sexe, le statut professionnel et l’indice de privation de zone (ADI) du quartier.

La consommation de cannabis a été évaluée à l’aide du test ASSIST (Alcohol Substance Involvement Screening Test). Les patients ont également été interrogés sur les raisons de leur consommation, les symptômes pour lesquels ils consommaient du cannabis et le mode de consommation.

L’étude a ainsi collecté les données de 175 734 patients, dont l’âge médian était de 47 (18-102) ans ; 101 657 (58 %) étaient des femmes ; 25 278 (15,7 %) étaient asiatiques, 21 971 (13,7 %) étaient hispaniques et 51 063 (31,7 %) étaient blancs.

La consommation de cannabis a été signalée par 29 898 personnes (17 %), dont 10 360 (34,7 %) avaient un score ASSIST indiquant un risque modéré à élevé de trouble de l’usage de cannabis (TUC). La prévalence de la consommation de cannabis était plus élevée chez les hommes que chez les femmes (14 939 [20 %] contre 14 916 [14,7 %]) et chez les patients les plus jeunes (18-29 ans, 7592 [31 %] ; ≥60 ans, 4 200 [8,5 %]), et plus faible chez ceux qui vivaient dans les quartiers les plus défavorisés (ADI décile 9-10, 189 [13,8 %] ; ADI décile 1-2, 12 431 [17,4 %]). Les modes de consommation les plus courants étaient les edibles[1] (18 201 [61,6 %]), la forme fumée (15 256 [51,7 %]) et le vapotage (8 555 [29 %]).

Alors que 4 375 patients ayant déclaré avoir consommé du cannabis (15,6 %) l’ont fait uniquement pour des raisons médicales, 21 986 patients (75,7 %) ont déclaré avoir consommé du cannabis pour gérer des symptômes tels que la douleur (9 196 [31,7 %]), le stress (14 542 [50,2 %]) et le sommeil (16 221 [56 %]).

En conclusion, la consommation de cannabis et le risque de TUC étaient fréquents, et plus des trois quarts des patients qui ont déclaré avoir consommé du cannabis l’ont fait pour gérer un symptôme lié à la santé. Ces résultats suggèrent que l’intégration des informations relatives à la consommation de cannabis pour la gestion des symptômes pourrait aider les cliniciens californiens à comprendre le risque de TUC des patients qui consultent à leur cabinet.

Bien que le cannabis soit illicite en France, de tels usages en automédication sont probables et nécessiteraient des recherches plus approfondies en médecine de ville.

Synthèse par Benjamin Rolland

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