Dans le paysage politique français, vous faites partie des parlementaires qui souhaite la légalisation du cannabis, quitte à être en désaccord avec la ligne de l’actuel gouvernement. Qu’est-ce qui vous a poussé à mener ce combat ?
Ce qui m’a poussé à m’investir sur ce sujet sensible, alors que c’est mon premier mandat d’élue, c’est le constat d’échec de la politique répressive menée depuis 1970. Alors que nous avons les dispositions légales les plus coercitives d’Europe, la France continue d’y afficher la plus grande proportion de consommateurs de cannabis. Pendant 50 ans, les gouvernements successifs ont approché la question de manière idéologique et morale, privilégiant l’interdiction à l’efficacité, le jugement de valeur aux enjeux de santé publique. A cette forme d’entêtement basée sur des préjugés, une nouvelle approche s’impose.
51% des Français sont favorables à la dépénalisation et pourtant le gouvernement campe sur la position prohibitionniste. Cela veut-il dire que la légalisation est impensable jusqu’en 2022 ? Ou sous un second mandat d’Emmanuel Macron ?
Elle n’est pas impensable mais elle n’est pas prévue, ça me paraît très peu probable durant ce mandat. En revanche en 2022, du côté d’En Marche comme dans d’autres formations politiques, je pense que cela fera partie des sujets incontournables lors des élections présidentielles. Nous aurons à ce moment-là des évolutions, ou en tous cas une approche qui sera moins dogmatique et moins dans la posture partisane.
Cela veut-il dire que le candidat Emmanuel Macron pourrait à ce moment-là porter la légalisation, à l’instar de Justin Trudeau au Canada en 2018 ?
Oui, ou porter le débat sur ce sujet-là et laisser les Français choisir, sous forme d’un référendum, d’une convention ou d’un débat public. Je pense que cela fait partie des possibles et j’y travaille ardemment. Je viens d’écrire un livre sur le cannabis qui va sortir dans les prochains jours et publié par Point d’Orgue, qui est une maison d’édition rattachée au mouvement En Marche… Tout ça pour vous dire qu’au sein du mouvement En Marche, il y a une vraie réflexion là-dessus, avec par exemple « Les Jeunes avec Macron » qui sont favorables à la légalisation. C’est un sujet sur lequel il y a des débats et une réflexion.