Consommer du cannabis à l’adolescence augmente le risque de schizophrénie 15 ans plus tard, et ce n’est pas lié à des symptômes prodromiques, à des consommations d’autres substances ou à des antécédents familiaux de schizophrénie

Il est désormais bien démontré que la consommation de cannabis expose à une augmentation du risque de trouble délirant et notamment de schizophrénie, avec un début plus précoce et un effet dose-réponse (plus on fume beaucoup, plus ce risque est important). Cependant, ces études évaluent souvent des symptômes psychotiques plutôt qu’un trouble mental caractérisé par de tels symptômes.

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Il est désormais bien démontré que la consommation de cannabis expose à une augmentation du risque de trouble délirant et notamment de schizophrénie, avec un début plus précoce et un effet dose-réponse (plus on fume beaucoup, plus ce risque est important). Cependant, ces études évaluent souvent des symptômes psychotiques plutôt qu’un trouble mental caractérisé par de tels symptômes. De plus, les études actuelles ne prennent pas en compte l’existence de symptômes prodromiques de schizophrénie avant la consommation, ni la consommation d’autres substances psychoactives (soit autant de facteurs de confusion pouvant expliquer l’association consommation de cannabis -> schizophrénie).

 

Dans cette étude finlandaise de cohorte réalisée auprès de 6500 adolescents depuis l’âge de 15-16 ans jusqu’à leurs 30 ans, ces auteurs ont évalue le lien entre consommation de cannabis à l’adolescence et schizophrénie, en prenant en compte la consommation d’autres substances, des éventuels antécédents de schizophrénie dans la famille, et l’existence de symptômes prodromiques à l’adolescence.

 

Il est ainsi constaté que, même en prenant en considération ces facteurs, l’association entre consommation de cannabis et risque ultérieur de schizophrénie persiste. Le risque de schizophrénie était significativement plus élevé à partir d’une consommation de 5 joints (en tout et pour tout). Chez les adolescents ayant des symptômes prodromiques de schizophrénie, ce risque était encore plus élevé (environ 2 fois).

 

La consommation de cannabis à l’adolescence est donc bien un facteur de risque ultérieur de schizophrénie et de trouble délirant, et ceci n’est pas expliqué par des antécédents familiaux de schizophrénie, la consommation d’autres substances psychoactives, ou des symptômes prodromiques de schizophrénie qui pourraient expliquer ce sur risque. Les études ultérieures devront déterminer si le cannabis est un facteur de risque suffisant ou un facteur de risque surajouté à une vulnérabilité pré existante. Dans tous les cas, ces résultats militent pour une approche de prévention et d’éducation de tous les adolescents vis à vis des risques associés à l’usage de cannabis dans cette période charnière de constitution de notre cerveau.

 

Par Paul Brunault

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