Addiction sexuelle : l'adhésion du patient joue un rôle prépondérant sur l’efficacité du traitement

Une équipe de chercheurs brésiliens a comparé l’efficacité d’une psychothérapie de groupe, d’un traitement médicamenteux et de l’association des deux stratégies thérapeutiques pour le traitement de l’addiction sexuelle, en prenant en compte notamment l’adhésion du patient au traitement. Cette synthèse présente les principaux résultats à retenir.

Sexe

Une synthèse scientifique réalisée par l’Institut fédératif des addictions comportementales (IFAC).

 

Pourquoi avoir fait cette recherche ?

Le trouble compulsif du comportement sexuel, aussi appelé addiction sexuelle, est caractérisé par un schéma persistant d’incapacité à contrôler des impulsions ou des envies impérieuses répétitives intenses entraînant un comportement sexuel répétitif. Ce trouble entraîne d’importantes conséquences sur la vie personnelle, familiale et professionnelle, et une réelle détresse clinique pour la personne qui en souffre.

L’efficacité des traitements proposés est difficile à évaluer à cause des taux élevés d’abandon des traitements mis en place. De plus, les études menées jusqu’à présent prennent en compte des échantillons regroupant un nombre limité de personnes et sont généralement rétrospectives (c’est-à-dire que l’analyse est basée sur des données présentes dans les dossiers médicaux par exemple, et pas sur des données collectées spécifiquement pour l’étude).

Quel est le but de cette recherche ?

À ce jour, il existe peu d’études réalisées sur l’efficacité des traitements contre l‘addiction sexuelle, notamment en prenant en compte l’adhésion du patient au protocole thérapeutique proposé. Les auteurs de la présente étude ont cherché à évaluer et comparer l’effet d’une psychothérapie de groupe à court terme, d’un traitement médicamenteux et de l’association des deux stratégies thérapeutiques, sur les compulsions sexuelles et l’adhésion au traitement. L’un des objectifs était notamment d’évaluer l’impact de l’adhésion du patient à son traitement sur les effets observés du traitement, et sa capacité à respecter le protocole de soins.

Comment les chercheurs ont-ils fait pour répondre à cet objectif ?

Les auteurs ont réalisé un essai contrôlé randomisé, c’est-à-dire que les participants ont été aléatoirement répartis entre différents groupes correspondant à chaque approche thérapeutique testée, à savoir : une psychothérapie de groupe associant psychodynamie (thérapie visant à prendre conscience des processus inconscients pouvant influencer le comportement) et thérapie de prévention de la rechute, un traitement médicamenteux (basé sur des antidépresseurs et/ou des stabilisateurs de l’humeur), ou une combinaison des deux stratégies thérapeutiques.

Les participants ont été sélectionnés dans l’unité spécialisée de l’Institut de psychiatrie de la faculté de médecine de l’université de Sao Paulo au Brésil. Tous les participants étaient atteints d’addiction sexuelle selon la classification internationale des maladies (diagnostic d’activité sexuelle excessive) et les critères de Goodman (diagnostic d’addiction sexuelle).

Quels sont les principaux résultats à retenir ?

Les participants qui ont suivi la psychothérapie de groupe (seule ou accompagnée d’un traitement médicamenteux ont vu leur état s’améliorer comparé à ceux ayant reçu le traitement médicamenteux seul. Les auteurs expliquent ces résultats par le fait que la psychothérapie permet, au-delà de traiter les manifestations du trouble en lui-même (notamment la mauvaise régulation émotionnelle, l’impulsivité et les compulsions sexuelles), de favoriser une meilleure compréhension des effets des premières expériences de stress sur les relations interpersonnelles et sexuelles à l’âge adulte, permettant aux patients de développer des compétences pour gérer eux-mêmes leurs symptômes.

Par ailleurs, l’étude a enregistré un très grand nombre d’abandons de traitement, en particulier chez les patients dont le comportement problématique était la masturbation compulsive, ce qui limite les conclusions sur l’efficacité relative des traitements. Les abandons de traitement ou la non-adhésion au protocole de soins étaient plus nombreux chez les patients ayant reçu le traitement médicamenteux, en particulier chez ceux se procurant leur traitement en officine, par rapport à ceux ayant suivi la psychothérapie.

Toutefois, cette étude montre que l’adhésion du patient a un rôle prépondérant sur l’efficacité d’un traitement contre l’addiction sexuelle. Ces résultats prouvent qu’il est essentiel d’améliorer l’adhésion au traitement en développant des stratégies de soins dédiées, comme la psychoéducation ou la personnalisation des stimuli au comportement problématique spécifique du patient, avant de pouvoir conclure sur l’efficacité des traitements.

Les points clés à retenir

  • L’adhésion des patients au protocole de soins est cruciale pour favoriser le succès des traitements.
  • Il est nécessaire de trouver de nouvelles stratégies pour éviter le désengagement des patients dans les protocoles de traitement.
  • L’apport de la psychothérapie, seule ou en adjonction à un traitement médicamenteux, semble être la stratégie thérapeutique la plus efficace pour traiter l’addiction sexuelle (par rapport à un traitement médicamenteux seul).

Plus d’informations sur cette recherche :

Scanavino MDT, Guirado AG, Marques JM, Amaral MLSD, Messina B, Reis SCD, Barros VB, Abdo CHN, Tavares H, Parsons JT. Treatment effects and adherence of sexually compulsive men in a randomized controlled trial of psychotherapy and medication. Journal of Behavorial Addictions. 2023.

Lien : https://akjournals.com/view/journals/2006/aop/article-10.1556-2006.2023.00004/article-10.1556-2006.2023.00004.xml