Le cannabidiol (CBD) est un des composants du cannabis, différent du principal principe actif, le ∆-9-tetrahydrocannabinol (ou THC). Moins connu et moins étudié que le THC, le cannabidiol a vu sa notoriété et sa popularité augmenter avec sa commercialisation dans des boutiques de “bienêtre” (huiles, onguents au CBD) ou comme produit inhalé par vapotage.
Les effets du cannabidiol sont très différents de ceux du cannabis traditionnel : ils n’induisent pas d’euphorie1 et sont essentiellement de type sédatif ou anxiolytique mais mal caractérisés. Le potentiel d’abus et de dépendance est considéré comme faible par la commission des stupéfiants de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Fin 2017, l’Organisation mondiale de la santé donnait son avis2 au sujet des éventuels dangers du CBD pour la santé. Son constat était le suivant : “(…) le Comité OMS d’experts de la pharmacodépendance a conclu que, à l’état pur, le cannabidiol (CBD) ne semble pas présenter de potentiel d’abus, ni être nocif pour la santé “. L’OMS ajoutait cependant qu’en l’absence de données plus précises, et faute d’études scientifiques en nombre suffisant, le principe de précaution continuait de s’appliquer vis-à-vis du cannabidiol.
En France, l’Académie de pharmacie3 est réservée sur le produit : “Le CBD n’est pas une molécule anodine. En effet, les essais cliniques réalisés avec du CBD sous forme pure (…) ont montré que ce médicament peut induire de nombreux effets indésirables (somnolence, troubles digestifs, fièvre, fatigue, diminution de l’appétit, atteinte hépatique…) et qu’il faut aussi se méfier des interférences
avec d’autres médicaments. (…) Le CBD est pourtant un produit de consommation courante… e-liquides destinés aux cigarettes électroniques, compléments alimentaires, tisanes et autres boissons, chocolats, plats préparés… en contiennent. La plupart de ces produits sont qualifiés de “nouveaux aliments” par les autorités européennes. Ils peuvent être d’origine végétale, animale, issus de la recherche scientifique et technologique.
Or une consommation non contrôlée, excessive et cumulée de ces produits pourrait aboutir à une accumulation de CBD chez un même sujet“ L’Académie de pharmacie met surtout en garde contre l’utilisation non contrôlée du CBD dans l’épilepsie, alors qu’un médicament existe dans cette indication, l’Epidyolex©.
La MILDECA multiplie les avertissements, essentiellement dans le cadre de la prévention de la consommation de cannabis, et en ce qui concerne spécifiquement le CBD, elle précise4 : “Les autorités réitèrent d’ores et déjà leurs avertissements concernant les effets potentiellement nocifs de la molécule de CBD, encore peu connue. (…)
Par ailleurs, il est rappelé que les produits contenant du CBD demeurent soumis au respect des dispositions législatives françaises, et plus particulièrement des suivantes : ils ne peuvent, sous peine de sanctions pénales, revendiquer des allégations thérapeutiques, à moins qu’ils n’aient été autorisés comme médicament par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité”.